Sacrée petite reine !

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L’été, la bicyclette, urbaine ou rurale, a le vent en poupe. Non polluante, économique, bonne pour la santé, la petite reine a tout pour plaire !

L’été, en ville, à la campagne, pour aller travailler ou pour se balader, le vélo a la cote ! 22  millions de Français de tous âges et de tous milieux l’utilisent régulièrement et plus de 3 millions de bicyclettes sont vendues chaque année[fn]Fédération française de cyclotourisme.[/fn]. Malgré la crise, l’industrie du cycle se porte plutôt bien en France et les professionnels du secteur sont optimistes. En 2013, les ventes, incluant équipements et accessoires, ont progressé de 3,1 % pour atteindre un chiffre d’affaires de 1,5 milliard d’euros[fn]Chiffres du Conseil national des professions du cycle.[/fn].
Le cycliste français consacre en moyenne 303 euros à l’achat de sa monture. En ville, on peut se passer d’un équipement particulier. Le casque n’est pas obligatoire, mais fortement conseillé. Pour la randonnée il vaut mieux se munir de bonnes chaussures à semelles rigides, de gants, d’un cuissard, de vêtements imperméables…

Pédaler, c’est bon pour le cœur

Et pourtant, même s’ils s’y mettent de plus en plus, les Français ne sont pas les rois de la pédale ! En Suisse et dans les pays d’Europe du Nord, Pays-Bas, Danemark, Allemagne, Belgique, la « petite reine » tient le haut du pavé. Et pour cause ! Le vélo prend peu de place, il est économe en énergie, non polluant et, en plus, très bon pour la santé ! « Pratiqué sans excès, le vélo est le sport idéal pour rester en forme. Il est excellent pour le cœur, et on peut en faire à tout âge, à son rythme », souligne Yves Yau, médecin à la Fédération française de cyclotourisme. Il est idéal aussi pour les vacances ou le week-end, et peut être pratiqué en famille. « Les bords de Loire à vélo, une bonne idée de balade, suggère Jean-Michel Richefort, directeur technique de la Fédération de cyclotourisme. On roule doucement sur des itinéraires sécurisés tout en admirant le paysage et le patrimoine. » Et les plus endurants peuvent longer la Loire et ses châteaux, jusqu’à l’océan Atlantique…

Sortir du « tout-voiture »

Mais le vélo a ses détracteurs. On le qualifie de « voiture du pauvre », on le dit « ringard », « bobo » et… « dangereux ». Il est vrai que, en 2012, 155 cyclistes ont trouvé la mort, plus qu’en 2011. 18 % étaient des jeunes de moins de 18 ans[fn]Prévention routière.[/fn]. Le risque numéro un, d’après la Prévention routière, est la portière de voiture qui s’ouvre et fait tomber le cycliste. Sont aussi très piégeants les angles morts d’un véhicule, notamment ceux d’un poids lourd ou d’un bus. Le cycliste risque de ne pas être vu par le conducteur. Si ce dernier décide de freiner brusquement ou de tourner à droite, il risque de percuter le cycliste ou de le coincer contre le trottoir. « Pourtant, explique Olivier Razemon dans le Pouvoir de la pédale (éd. Rue de l’Echiquier, 15 euros), utiliser son vélo, c’est aussi en finir avec la galère des transports en commun, des bouchons en ville… Et puis c’est un vrai plaisir, il constitue, pour des petites distances, le moyen de transport le plus efficace qu’il faut absolument développer ! »

La plupart des grandes villes ont mis en place des politiques de développement du vélo et ont grandement amélioré la sécurité : pistes cyclables, voies vertes… Mais dans certaines agglomérations, « on a l’impression que l’on ne veut pas sortir du tout-voiture », déplore la présidente de la Fédération française des usagers du vélo. Quant au cycliste, il doit respecter des règles de sécurité : ne pas rouler trop vite, pas trop près des véhicules en stationnement, ne pas doubler sur la droite, porter un gilet de sécurité, respecter les feux… Il est aussi préférable, quand on peut, de choisir un parcours un peu plus long, mais sécurisé.

Interview

Olivier Razemon, journaliste, auteur du Pouvoir de la pédale.

Quelles sont les « pistes » pour développer le vélo en ville ?
La plus efficace selon moi serait de limiter la vitesse à 30 km/h partout en ville. Du coup, le vélo devient aussi rapide que la voiture pour se déplacer, surtout pour les petits trajets. L’autre idée lancée par plusieurs associations de piétons ou de cyclistes serait l’instauration d’un « code de la rue », comme en Belgique, pour responsabiliser les usagers et les rendre acteurs de leur propre sécurité. Des pistes cyclables ont été aménagées, et c’est bien, mais en réalité on aurait plus besoin de défaire les équipements qui bloquent les itinéraires : routes à quatre voies en pleine ville, ponts, tunnels réservés aux voitures… Faire en sorte qu’il y ait plus de piétons et de cyclistes sur la chaussée, ce qui pousserait les automobilistes à ralentir.

Vous voulez passer du « tout-voiture » au « tout-vélo » ?
Pas du tout ! La voiture a son utilité. Mais à chaque trajet, son moyen de locomotion. Il faut juste observer ses déplacements quotidiens : combien coûtent-ils ? Quelle énergie dépense-t-on ? Les transports sont-ils stressants ? Une autre solution est-elle envisageable ? Pour quels avantages ? Le vélo ne transformera pas la société de fond en comble, mais y contribuera.

Bien choisir sa monture
Pour ceux que l’idée de grimper les côtes rebute, le vélo à assistance électrique (Vae) est une bonne alternative, mais plus chère : les prix démarrent à 600 euros environ mais peuvent s’envoler jusqu’à 3000 euros. Les vélos pliants (environ 200 euros) prennent aisément le train, le bus ou le métro. Il faut, avant d’acheter son vélo, bien réfléchir à l’usage qu’on veut en faire, pour ne pas se tromper et laisser son destrier aux écuries, ce qui arrive quand on le choisit mal !