Quand l’origine sociale détermine le poids à la naissance

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L’origine sociale aurait-elle une incidence sur le poids à la naissance et la corpulence d’un enfant ? C’est ce que suggère une récente étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Dress).

Si des travaux de recherche ont déjà pointé le lien entre origine sociale et niveau d’études, celle-ci déterminerait également le poids à la naissance et la corpulence d’un enfant. C’est ce que souligne une étude portant sur 20 000 enfants nés en 2007, publiée en décembre par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Dress).

Les bébés des ouvriers en sous-poids

Naître dans une famille d’ouvriers ou de cadres aura une incidence sur le poids d’un enfant. Les parents issus de la première catégorie donnent en effet plus souvent naissance à des bébés de petit poids – moins de 2,5 kg – (9 % contre 6 % chez les cadres). Les cadres ont au contraire plus souvent des bébés de 4 kg et plus (8 % des naissances, contre 6 % chez les ouvriers).

Plusieurs facteurs sont évoqués par l’auteure de l’étude, Muriel Moisy, pour expliquer cette différence : accès aux messages de prévention, consommation de tabac et d’alcool, longs trajets domicile-travail, hypertension… Autant de facteurs qui pénaliseraient, selon l’auteure, les femmes issues de la catégorie socioprofessionnelle des ouvriers.

Mais si les bébés des cadres sont plus souvent en surpoids à la naissance, la tendance s’inverse au cours de l’enfance. « La persistance dans le surpoids est socialement différenciée, écrit l’auteure de l’étude. En effet, 31 % des enfants d’ouvriers nés à 4 kg ou plus, contre seulement 13 % des enfants de cadres dans le même cas, sont en surcharge pondérale en grande section de maternelle. »

Les chiffres du surpoids en baisse ces dernières années

« A poids de naissance identique, les enfants d’ouvriers ont un risque accru de basculer vers la surcharge pondérale, explique-t-elle, ce qui témoigne de l’importance de déterminants liés à l’origine sociale, tels que les habitudes de vie et les facteurs environnementaux. » Au total, à l’âge de 6 ans, 7 % des enfants de cadres sont en surcharge pondérale, contre 16 % des enfants d’ouvriers.

En revanche, les enfants de cadres sont plus nombreux à rester en sous-poids (15 %) que ceux des employés (10 %) et des professions intermédiaires (10 %).

Les habitudes favorisant le surpoids et l’obésité (ne pas prendre de petit déjeuner, passer quotidiennement du temps devant un écran) seraient ainsi plus répandues chez les ouvriers. Mais elles ne suffisent pas, selon l’auteure, à expliquer la prévalence de la surcharge pondérale chez les enfants d’ouvriers.

D’une manière globale, la prévalence de l’obésité et du surpoids des 5-6 ans est cependant en recul. Elle est passée de 14 % des enfants scolarisés en grande section de maternelle en 2000-2001, à moins de 12 % en 2013.