4e plan autisme… et après ?

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Le gouvernement prévoit un plan doté de 344 millions d’euros sur cinq ans pour améliorer la recherche sur l’autisme, son dépistage et sa prise en charge de l’autisme. Cela sera-il suffisant pour rattraper le retard français ?

Les associations l’attendaient de pied ferme, le gouvernement l’a annoncé, le 4e plan autisme prévoit un montant de 344 millions d’euros sur cinq ans (2018-2022) pour améliorer la recherche sur l’autisme, son dépistage et sa prise en charge. Ce trouble toucherait 700 000 personnes environ en France.

Pour un dépistage précoce

Les Sages de la Cour des comptes et la Haute Autorité de santé (Has) l’avaient déjà souligné : les enfants autistes sont diagnostiqués trop tardivement. Aujourd’hui, 45 % des diagnostics concernent des enfants et des adolescents entre 6 et 16 ans. Alors que plus le diagnostic est posé tôt, plus les interventions pourront être mises en place précocement et aideront l’enfant dans son développement. Le gouvernement a décidé d’y remédier en dotant ce volet de 106 millions d’euros. Il précise que lors des examens médicaux obligatoires à 9 mois et 24 mois, les médecins devront « vérifier le minimum » et alerter s’ils soupçonnent un trouble psycho-autistique. Olivia Cattan, présidente de l’association Sos Autisme France, interviewée dans le Magazine de la santé sur France 5, jeudi 4 avril, a souligné le manque de formation sur l’autisme des étudiants en médecine. « Même aux urgences, ajoute-t-elle, on ne sait pas comment accueillir une personne autiste. Souvent, on en arrive à des scènes de violences parce que les médecins ne connaissent pas bien leur trouble. Il faut donc vraiment former tous les personnels de santé. »

Scolarisation des enfants autistes à l’école

En maternelle, seulement 20 % des enfants autistes sont scolarisés, deux jours ou moins par semaine. L’objectif du 4e plan est d’atteindre 100 % en maternelle pour la classe d’âge née en 2018. Le gouvernement prévoit notamment de tripler le nombre de places en unités d’enseignement en maternelle (Uem), des petites classes destinées aux enfants ayant besoin d’un soutien renforcé. Des postes d’enseignants spécialisés sur l’autisme seront créés pour soutenir ceux qui ont des élèves autistes dans leurs classes. La scolarisation en primaire et au collège-lycée sera également renforcée en lien avec les Unités localisées pour l’inclusion scolaire (Ulis).

Les adultes

En ce qui concerne les adultes autistes, un trop grand nombre d’entre eux sont en hôpital psychiatrique, pour de longs séjours. Certains s’exilent en Belgique où des structures sont prévues, mais beaucoup restent sans solution. « L’objectif, c’est qu’il n’y ait plus d’hospitalisation de longue durée en matière d’autisme à l’issue de la stratégie » en 2022, pour Matignon. Un plan national de repérage et de diagnostic des adultes en établissements de santé et médico-sociaux sera lancé.

Aide aux familles

Le gouvernement veut créer une « plate-forme de répit » par département, pour soulager les familles. Ces structures permettront des gardes temporaires (quelques heures ou jours) des enfants ou des adultes autistes, afin que leurs familles puissent se reposer ou partir en vacances. A partir du 1er janvier 2019, un « forfait d’intervention précoce » permettra de faire prendre en charge par l’assurance-maladie des séances avec des thérapeutes (psychomotriciens, ergothérapeutes, neuropsychologues …), dès les premiers troubles détectés et avant le diagnostic officiel afin d’alléger les dépenses des familles dont le reste à charge est d’environ 3 000 € par an en moyenne selon la Cour des comptes.

De leur côté, les associations restent vigilantes et souhaitent que les mesures concrètes voient le jour rapidement pour éviter que ce 4e plan soit le énième d’une série qui déçoit. La France accumule un retard déjà dénoncé récemment dans plusieurs études, par la Cour des comptes et la Haute autorité de santé.