Thérapeute familial : un tiers bienveillant

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En principe, le couple et la famille nous apportent confiance et sécurité. Dans certains cas malheureusement, ils deviennent sources de conflits, de souffrance psychologique et parfois même de maltraitance physique. On peut alors avoir besoin de recourir à un professionnel pour sortir de l’impasse. Le thérapeute familial est formé pour cela. Qui est-il ? A quoi sert-il ?

La thérapie familiale ne doit pas être confondue avec la médiation familiale. Cette dernière est proposée aux couples déjà séparés. Elle est souvent préconisée par le Juge aux affaires familiales (Jaf) afin de permettre un divorce plus pacifié, en particulier dans l’intérêt des enfants lorsqu’il y en a. 

La thérapie familiale, elle, intervient en amont des ruptures pour tenter de résoudre des crises ou des conflits générateurs de souffrance psychologique et parfois même physique.

Si comme un psychologue, le thérapeute familial peut rencontrer son patient en tête à tête, ses consultations se déroulent le plus souvent en couple ou entre membres de la  famille.

Couple, pas toujours facile

Véronique Mahl, thérapeute, voit passer de nombreux couples dans son cabinet situé dans une impasse buccolique du 14 eme arrondissement de Paris « Quand deux personnes se rencontrent, chacun apporte un sac à dos déjà lourd de mythes familiaux, de rituels conscients ou pas, de traditions … Une fois l’étape de la fusion des premières années passée, chacun retrouve son cadre de référence, ses peurs, ses loyautés familiales, en bref son sac à dos. Et même si celui-ci est plombé, usé et inconfortable, il sécurise car on le connait et c’est le nôtre. Les risques de conflits, voire de séparation, apparaissent à ce moment-là. Et seule une bonne communication permet au couple de s’installer dans la durée».

Communiquer, çà s’apprend.

Le manque de communication… Pour Véronique Mahl, c’est bien à la base de nombreux conflits conjugaux : « C’est le travail du thérapeute  d’aider à retrouver une communication plus fluide. J’entends souvent des couples me dire : « Oui on se dispute bien sûr, comme tous les couples ». Je leur réponds : « D’où vous vient cette croyance ? Non, tous les couples ne se disputent pas ». Le but du thérapeute est de faire circuler à nouveau la parole, dans une posture de « tiers bienveillant ». Je suis toujours surprise du fait que beaucoup de couples ne se regardent plus. Regarder l’autre c’est le reconnaître». 

Famille, je vous hais-me. 

Cette forme de thérapie s’intéresse aussi aux relations familiales dans leur ensemble :  relations avec les grands-parents, parents enfants, frères soeurs, maltraitance, secrets de familles, problèmes transgénérationnels… La liste est longue. « Pour tenter de faire le point sur ce qui ne va pas, nous avons un outil intéressant, le génogramme,  sorte d’arbre généalogique qui donne une photo de famille faisant apparaître les drames réels -ou supposés si on soupçonne des secrets de famille- qui ont pu affecter cette dernière : accidents, morts violentes, suicides, deuils… Par une aide à la prise de conscience, le génogramme agit de manière à stopper les répétitions  éventuelles. Comment, par exemple, avancer dans la vie sans passer par la case suicide, quand il y en a eu tant et tant dans notre ascendance ?».

Crises de vie

Le thérapeute familial peut aussi aider à traverser des crises de vie : grossesse, premier enfant, licenciement, envol des enfants du nid, ou départ en retraite : « Le système familial tend vers l’homéostasie, c’est à dire une stabilité, une sérénité. Lorsque les impacts extérieurs viennent trop le bousculer, il est mis à mal. Les crises sont normales. Elles font partie de la vie. Mais ce sont dans ces moments là que la communication devient indispensable. Soit, je me replie sur moi-même, je m’isole, je m’en prends violemment à mon conjoint, je l’accuse de tous les maux, soit je tente, à l’inverse de faire face, avec lui. Le couple qui fonctionne repose sur trois pilliers : respect, confiance, intimité». 

Quelle formation ?

Les thérapeutes familiaux sont formés en 4 ans. La plupart sont déjà psychologue, infirmier ou travailleur social. Le thérapeute familial est tenu au secret professionnel. 

Combien çà coûte ? 

La plupart du temps, ce dernier adapte ses tarifs aux capacités financières de ses patients. Certaines mutuelles prévoient une prise en charge partielle de ces séances. Renseignez-vous.

Mais encore 

Les consultations sont espacées de trois-quatre semaines. Le thérapeute peut aussi proposer des petits exercices à pratiquer entre les séances.