Télémédecine : le chantier est lancé

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En 2018, la télémédecine fait son entrée dans les pratiques médicales. Les actes (téléconsultation, téléexpertise…) seront remboursés par l’assurance-maladie. Les médecins libéraux sont-ils prêts à accepter ces changements ? « Oui, mais », répond le syndicat MG France réuni en conférence mercredi 10 janvier.

La télémédecine fait son entrée dans le champ médical en ce début d’année 2018. Les médecins pourront utiliser les techniques numériques pour réaliser leurs actes qui seront remboursés par l’assurance-maladie. Mais « attention, prévient le syndicat MG France (premier syndicat de généralistes), réuni en conférence de presse le 10 janvier, ce n’est pas une solution miracle pour réduire le problème des déserts médicaux, il faudra une tarification à la hauteur du travail fourni ».

Repenser la tarification

Médecins comme patients, tout le monde s’accorde à dire que la télémédecine est un moyen efficace pour améliorer l’accès aux soins : elle permet un premier diagnostic à distance, évite les déplacements (des médecins comme des malades), pourrait décharger les services d’urgence…

« Mais tous les médecins ne rêvent pas de se lancer dans la télémédecine, il faudra sans doute une rémunération incitative pour qu’ils se lancent dans l’aventure », insiste Jacques Battistoni, président de MG France. De nombreux points noirs subsistent notamment sur le niveau de tarification des différentes consultations et l’équipement en nouveau matériel numérique.

Par exemple, il faudra réfléchir à un niveau de rémunération des actes de téléconsultation, cette consultation à distance en visio-conférence avec le patient : celle-ci sera-t-elle rémunérée sous forme de forfait, selon le temps passé, la gravité de la pathologie ? Idem pour la consultation de télé-expertise, cet acte qui est réclamé par un médecin traitant à un spécialiste : seront-ils rémunéré au même niveau ? MG France le souhaite.

Le cas spécifique des actes de téléconseil est posé. « Nous rappelons régulièrement nos patients au téléphone, une fois la journée terminée, pour donner un avis sur des résultats d’analyse par exemple, ou pour rassurer, cela fait partie de notre travail, explique une représentante de MG France, et ces actes ne sont pas rémunérés. Nous le prenons sur notre temps personnel. » Le seront-il dans le cadre de la télémédecine ? A quelle hauteur ?

De l’aide pour l’acquisition d’un équipement numérique

Autre aspect soulevé par les médecins, le côté matériel. Pour effectuer des actes de télémédecine, il faut du matériel adéquat : une communication sécurisée pour la vidéo-transmission, des logiciels spécifiques pour le traitement des données de santé…, c’est inscrit dans la loi, pas question d’utiliser les applications type Skype, Viber ou WhatsApp dans l’état actuel des choses. Dans ce cas, les médecins bénéficieront-ils d’une aide financière ? D’une formation spécifique ?

On le voit, le chantier de la télémédecine s’avère compliqué d’autant que MG France souhaite prendre son temps et ne pas précipiter les choses. Gageons qu’elle devienne bientôt une réalité sur le terrain pour le bien-être des patients et pour amélioration des pratiques médicales.

Première rencontre prévue avec les syndicats professionnels et l’assurance-maladie : le 18 janvier.