Santé en France : forces et faiblesses du système

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Espérance de vie, tabagisme, médicaments, vaccination… le Panorama de la santé 2017, publié par l’Ocde, relève les forces et les faiblesses du système santé en France.

En France, l’espérance de vie est de 82,4 ans, ce qui la place nettement au-dessus de la moyenne des pays européens (80,6 ans), d’après le Panorama de la santé 2017, publié vendredi 10 novembre par l’Organisation de coopération et de développement économiques (Ocde).[fn]L’Ocde a fait un vaste état des lieux de l’état de santé de la population des 35 pays membres de l’organisation et a établi une comparaison de leur système de santé.[/fn] En revanche, carton rouge dans notre pays pour le tabagisme et la consommation d’alcool. Tour d’horizon et réaction de la ministre de la Santé Agnès Buyzin.

 

Les points faibles

Même si la France est un pays où l’on vit vieux, beaucoup de points faibles persistent dans notre système de santé, note le rapport. A commencer par le tabagisme : 22 % des Français de plus de 15 ans fument, contre 18 % dans la moyenne des pays de l’Ocde. Et près d’un jeune de 15 ans sur cinq fume au moins une fois par semaine en France (19 %, contre 12 % en moyenne ailleurs).

Quant à la consommation d’alcool, les Français de 15 ans et plus consomment 11,9 litres d’alcool pur par an, contre 9 dans la moyenne des pays de l’Ocde.

D’autre part, en France, le taux de démences, lié à l’âge de la population, est supérieur à la moyenne des pays membres (20 pour 1 000 habitants contre 15).

Du côté des médicaments, le Panorama de l’Ocde démontre que les Français boudent un peu les médicaments génériques par rapport aux habitants des autres pays. En effet, la part des génériques « plafonne à 30 % du volume du marché des médicaments » (52 % en moyenne dans l’Ocde).

Et concernant la couverture vaccinale, la France est à la traîne. Le passage de l’obligation de 3 à 11 vaccins pour les enfants à partir de janvier 2018 a provoqué de vifs débats dans la communauté scientifique instaurant le doute auprès de certains de nos concitoyens. L’Ocde rappelle que « la France doit renforcer sa stratégie vaccinale pour accroître ses taux de vaccination » et signale que « Le taux de vaccination des enfants contre la rougeole en France est parmi les plus faibles des pays de l’Ocde », « en 2015, 9 % des enfants âgés d’un an en France n’étaient pas vaccinés contre la rougeole, contre seulement 5 % en moyenne dans les pays de l’Ocde ». Et de rajouter : « Le taux de vaccination des enfants contre l’hépatite B est également particulièrement faible avec 83 % des enfants d’un an vaccinés (94 en moyenne dans les pays de l’Ocde), la France se classe avant-dernière, devant le Mexique. »

La durée moyenne de séjour à l’hôpital en France est de 10 jours. C’est la troisième plus longue dans l’Ocde derrière le Japon et la Corée du Sud. « Des marges de manœuvre existent pour accroître l’efficience des soins et développer l’ambulatoire », d’après l’Ocde.

Les points forts

La politique de prévention de l’obésité semble porter ses fruits. Le Panorama de l’Ocde révèle que le taux de surpoids en France est inférieur à la moyenne des pays (49 % des plus de 15 ans, contre 54 %). Le taux de mortalité par crise cardiaque en France est l’un des plus bas des pays de l’Ocde (39 pour 100 000 habitants). Seuls le Japon (34) et la Corée du Sud (38) font mieux.

Quant au taux de survie au cancer du côlon, il est supérieur à la moyenne : 63,7 %, contre 62,8 % en moyenne dans l’Ocde. La démographie médicale est quant à elle dans la moyenne de l’Ocde, et le nombre de lits d’hôpital y est nettement supérieur (6,1 lits pour 1 000 habitants en France contre 4,7 lits en moyenne).

Enfin, les dépenses restant à la charge des patients en France sont les plus faibles parmi les pays de l’Ocde grâce à la Sécurité sociale et aux complémentaires et « ne représentent que 7 % des dépenses totales de santé ».

Réactions de la ministre de la Santé, Agnès Buyzin

La ministre, dans un communiqué, se réjouit de ces indicateurs positifs, « qui attestent de la qualité de notre système de soins et de l’excellence des professionnels de santé. » Elle note cependant que certains progrès sont à accomplir notamment concernant le programme vaccinal et conforte sa position de rendre obligatoire huit vaccins supplémentaires (aujourd’hui seuls 3 vaccins sont obligatoires pour les enfants), dès janvier 2018.
Le tabagisme est préoccupant en France, note la ministre. Et pour le combattre, elle annonce « la hausse progressive du prix du tabac visant à atteindre le paquet de cigarettes à 10 euros en 2020. Cette décision s’accompagne notamment de mesures renforcées de prévention et de lutte contre les trafics de contrebande qui trouveront leur place dans le cadre du renouvellement du Programme national de réduction du tabagisme (2014-2019). »

Autre chantier préoccupant, celui de la lutte contre l’alcoolisme. 15 000 décès chaque année sont liés à l’alcool en France. Agnès Buyzin réaffirme donc sa volonté de prévenir les maladies liées à l’alcool. Elle note également qu’un effort est à fournir pour diminuer notre consommation de médicaments en général et d’antibiotiques en particulier afin de lutter contre l’antibiorésistance.