Nicolas Souveton, trente et un ans, président de la Mfrs qui regroupe 51 établissements médico-sociaux 

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 « Concrètement, on change la vie des gens ». 

Je suis né en décembre 1985 et j’ai grandi à St Etienne. Petit, je ne me suis jamais dit : « quand je serai grand, je serai mutualiste». Je ne connaissais pas grand chose aux questions de protection sociale. En terminale, j’avais certes manifesté contre la loi Fillon sur les retraites. J’étais alors membre de l’Union Nationale Lycéenne (UNL). Nous avions organisé des cortèges de 1200 jeunes et nous avions compris que les retraites ce n’était pas seulement une question de vieux mais aussi celle de la jeunesse. Ce débat était essentiel pour notre avenir. On ne pouvait pas nous demander de cotiser 5 ans de plus sans nous consulter. Cette année là, j’ai beaucoup milité. Et j’ai eu mon bac à la grande surprise de mes parents, même si je pense qu’ils étaient bien contents que je milite. 

Arrivé en faculté en première année à Saint Etienne, je suis passé à l’UNEF. C’était très prenant, je ne faisais que cela. Mais je ne voulais pas rester spectateur, je voulais m’engager. Puis, j’ai fait des études de Sciences Politiques à Lyon 3. Je ne souhaitais plus militer autant. A l’époque, nous étions en pleine lutte contre l’extrême droite. On m’a demandé un coup de main… Et puis, comme souvent dans le militantisme, je me suis retrouvé responsable de l’Unef pour Lyon 3. Nous nous sommes battus contre le CPE de Villepin et nous avons gagné après trois mois de grève. C’était une période enthousiasmante car les jeunes étaient à la manœuvre et nous avons réuni d’immenses manifestations. Dans les Assemblées générales, à Lyon 3, une Université jugée conservatrice, nous étions 3000. Je bossais de 7 heures du matin à 7 heures du soir. J’étais épuisé, mais heureux. 

Si le syndicalisme m’intéressait, je souhaitais faire des choses plus concrètes, plus en prises avec la vraie vie. J’avais pensé m’engager comme volontaire à La Croix-Rouge pour faire des maraudes de nuit. Mais à cette époque, en 2006, Damien Berthilier administrateur de la mutuelle des étudiants (Lmde) m’a contacté. Il allait prendre la Présidence de la mutuelle dont il était administrateur depuis ses 19 ans. Je l’avais rencontré lors d’une formation sur l’Economie sociale. Sa vision m’intéressait. Pour lui, Il ne s’agissait pas seulement de critiquer la société mais de proposer des alternatives concrètes par le développement d’une autre économie, sociale et solidaire.  Il m’a proposé de le rejoindre. Il voulait rajeunir la mutuelle. J’étais scotché. J’ai dit OK et me suis retrouvé au Conseil d’administration puis au bureau de la LMDE. J’ai quitté Lyon pour Paris. La LMDE, ce n’était pas rien. 50 millions d’euros de budget disponibles pour monter des projets pour les étudiants. C’était une opportunité incroyable d’agir. Je me suis retrouvé en charge du dossier handicap, un domaine que je connaissais pas. Mais en Mutualité, on apprend en marchant et durant 5 ans, j’ai été le « Monsieur Handicap » de la LMDE. Eric Chenu, ancien fondateur de la LMDE et administrateur de la Mgen m’a beaucoup appris. Il a été très éclairant en m’expliquant à quoi servait la Mutualité, son rôle social. Je n’aurais jamais pu travailler pour une institution qui n’aurait qu’une vision gestionnaire. La Mutualité est un projet de transformation de la société et si bien sûr,  elle connaît  des contraintes de gestion c’est au service de ses valeurs. A 18 ans lorsqu’on veut transformer le monde on a l’idée de rentrer dans un parti politique pas d’aller vers une mutuelle et pourtant quand je me lève le matin, je sais que je vais contribuer à changer les choses.

Au bout de 5 ans j’ai décidé de quitter la LMDE. Je ne voulais pas devenir un dinosaure, un vieux con. Il était temps de passer à d’autres combats

Animer une équipe, parler en public, manager, j’avais acquis beaucoup de compétences même si je ne savais pas que je les avais et qu’elles n’étaient sanctionnées par un diplôme. La mutualité est une véritable école de formation en gestion, management, règlement des conflits. 

C’est une question pour la Mutualité de demain. Comment faire en sorte que toutes ces compétences d’élus soient reconnues ?

En 2012, lors du Congrès de la FNMF à Nice, la Mutualité Pacac cherchait quelqu’un pour remplacer sa responsable de communication. A cette occasion, j’ai rencontré Jean-Paul Benoit, Président des Mutuelles de France. Je crois qu’il a été intéressé par ce petit jeune qui avait de l’appétence pour les sujets politiques. J’avais moins de 30 ans. Il m’a demandé d’écrire son discours d’introduction au Congrès. Cela a dû lui plaire car il m’a proposé de devenir son Directeur de cabinet. Aujourd’hui, A 31 ans, on me propose de redevenir élu et de devenir Président du Livre 3 (voir encadré) de la MFRS (Mutuelles de France Réseau Santé), qui regroupe des structures sanitaires et sociales sur 3 régions (Alpes, Bourgogne et Lorraine) et 7 départements.

Je pense que les structures médico-sociales de la Mutualité peuvent être attractives pour les jeunes, avec des actions de terrain, comme la création d’un centre de santé. Ce sont des projets ancrés dans les territoires, qui permettent de renouer avec la population, qui impliquent de traiter avec les élus, les collectivités locales, de suivre les chantiers. Quand je visite une Ehpad, comme le foyer Jean-Hélène, que la MFRS en Ardèche. Je mesure à quel point on est utile pour les gens. On change leur vie. Si on était pas là, ils n’auraient pas de solutions. Ce sont de petites victoires qui nous rapprochent d’une société plus juste et solidaire. Je ne compte pas mes heures, je m’éclate»