Lutte contre l'antibiorésistance : il y a urgence

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L’antibiorésistance devient un problème de santé publique. Le ministère de la Santé lance plusieurs pistes pour réduire la consommation d’antibiotiques.

Chercheurs, médecins et autorités sanitaires sont d’accord sur un point : il y a urgence à lutter contre ces « superbactéries » qui résistent à tous les antibiotiques (on appelle ce phénomène « antibiorésistance »).

Comment en est-on arrivé là ?

Nous consommons trop d’antibiotiques. En outre, nous ne les utilisons pas toujours à bon escient : par exemple quand nous n’en n’avons pas vraiment besoin (pour soigner une infection virale), en automédication (quand nous prenons ceux qui restent d’un traitement précédent), ou encore quand nous ne terminons pas le traitement, donnant ainsi à la bactérie une chance de survivre et de développer une immunité. La résistance peut également survenir quand les malades ne peuvent se soigner par antibiotiques ou n’ont pas accès aux traitements.

Conséquences ?

Notre consommation d’antibiotiques a entraîné la survenue de bactéries de plus en plus résistantes. Désormais, les antibiotiques ne suffisent plus à soigner certaines infections. Ces superbactéries ont déjà causé 33 000 morts en Europe en 2015, rappelle l’Organisation mondiale de santé (Oms). À l’échelle mondiale, l’Oms estime à 700 000 le nombre de décès chaque année. L’enjeu est tel que l’organisation considère l’antibiorésistance comme l’une des plus grandes menaces pour la santé au XXIe siècle. Les bébés et les personnes âgées en sont les premières victimes. Le danger étant que les infections courantes et les petites blessures deviennent à nouveau mortelles.

Nous sommes ainsi arrivés dans une impasse : il existe certaines infections qu’aucun antibiotique, ancien ou nouveau, ne peut soigner.

Que faire ?

Il est donc urgent non seulement de freiner notre consommation d’antibiotiques par une meilleure information auprès des malades, mais aussi de comprendre les mécanismes d’apparition et de diffusion de ces résistances afin de trouver de nouvelles voies thérapeutiques.

Tout le monde a un rôle à jouer

En respectant les règles d’hygiène, on contribue à réduire les risques d’infections : se laver les mains fréquemment, limiter les contacts rapprochés avec des personnes malades, se protéger lors de rapports sexuels, tenir à jour les vaccinations, observer son traitement…

Le ministère de la Santé va lancer plusieurs programmes, à commencer par une nouvelle campagne de communication sur les antibiotiques. Après « Les antibiotiques, c’est pas automatique », un autre slogan va voir le jour : « Ils sont précieux, utilisons-les mieux ». Cette campagne sera diffusée à la télévision, à la radio et sur les réseaux sociaux.

Trouver de nouveaux antibiotiques

40 millions d’euros supplémentaires vont être débloqués pour la recherche de nouveaux traitements. La piste la plus avancée aujourd’hui, indique l’Inserm, consiste à inhiber l’action des bêtalactamases. Ces enzymes, produites par certaines bactéries, rendent ces dernières résistantes aux antibiotiques de la famille des bêtalactamines (comme les céphalosporines de 3e et de 4e génération). Plusieurs programmes sont en cours de développement et/ou d’évaluation.

La phagothérapie est une autre piste. Elle consiste à administrer des phages, c’est-à-dire des virus qui détruisent uniquement les bactéries. « Cette spécificité permet d’éliminer les bactéries pathogènes sans affecter les autres, contrairement aux antibiotiques à spectre large », explique l’Inserm. 

« D’autres équipes tentent de développer des thérapies antivirulence : l’objectif n’est plus de tuer la bactérie responsable de l’infection, mais de bloquer les systèmes qui la rendent pathogène pour l’homme », conclut l’institut.

Autant de pistes qu’il est urgent d’explorer.