Le Défenseur des droits lance une campagne contre le harcèlement sexuel au travail

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Une femme sur cinq en a déjà été victime. Seules 29 % en parlent et seules 5 % des affaires donnent lieu à un procès.

Qu’est-ce que le harcèlement sexuel ? « La loi du 6 août 2012 le définit comme des actes, des propos ou des comportements à caractère sexuel, des situations offensantes, humiliantes, hostiles : gestes, caresses, propos, questions intrusives ou remarques sur la manière de s’habiller mais encore des écrits ou de la diffusion d’images pornographiques. C’est aussi du chantage sexuel : « si tu es gentille je ne te licencierai pas, tu auras une promotion » », explique Sandra Bouchon juriste au pôle emploi de l’Institution du Défenseur des droits.

Une discrimination économique et sociale

Si une femme sur cinq a déjà été victime de harcèlement sexuel, seules 29 % en parlent, selon une enquête de 2014 menée par le Défenseur des droits. 5 % donnent lieu à un procès. La plupart des affaires sont classées sans suite : « pire, bien souvent, lorsqu’elle dénonce, c’est la victime qui est sanctionnée, par exemple dans la fonction publique », déplore Marilyn Baldeck, Déléguée générale de l’Association contre les violences des femmes au travail. Le Défenseur des droits conseille ainsi aux femmes de se tourner vers lui, pour faire valoir leur droits.

« Dans les entreprises, il est rare que l’employeur prenne le problème à bras-le-corps. Celui-ci a pourtant une obligation de sécurité, d’abord de prévention, ensuite de réaction », réaffirme Sandra Bouchon.

La discrimination sexuelle se couple souvent avec une discrimination économique et sociale. Ce sont surtout les femmes dans des situations d’emplois précaires ou subalternes qui la subissent.

Une formation des personnels « fondamentale »

Le Défenseur des droits, Jacques Toubon, se veut cependant optimiste : « Le mouvement de libération de la parole doit entraîner une augmentation des signalements et des poursuites », même s’il déplore que ce soit son institution qui lance une telle campagne. « Nous aurions souhaité que ce soit le gouvernement qui la mette en place. »

Pour Jacques Toubon, la formation des personnels est fondamentale : DRH, magistrats, policiers doivent être sensibilisés à ces questions. Marie Aymée Peyron, bâtonnière de Paris est d’accord : « Nous devons former les avocats à la prise en charge des victimes de harcèlements. L’Ordre doit aussi devenir un lieu de recours pour les femmes avocates. Dans les cabinets, elles sont en général collaboratrices. Elles sont donc en position de fragilité. » Un travail de formation qui s’est mis en place à la CGT, explique Clémence Helfter, Membre du collectif confédéral « Femmes-Mixité » de la CGT : « Nous formons les élus et tentons de sensibiliser les salariés dans les entreprises. »

La campagne du Défenseur des droits a deux buts : faire en sorte que les victimes connaissent leurs droits mais ensuite, et surtout, qu’elles les fassent valoir.