Infarctus : les femmes moins bien suivies que les hommes

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Il y a urgence à prendre en compte le cœur des femmes et à considérer qu’elles aussi peuvent être victimes d’accidents cardiaques graves. En effet, une enquête récente parue dans le Journal of the American Heart Association, démontre que les femmes qui font un infarctus du myocarde meurent davantage que les hommes, ces derniers étant pris en charge plus tôt.

Les cardiologues peuvent remettre en question leur pratique et reconsidérer l’égalité de soins entre leurs patients hommes et femmes. En effet, dans une étude anglo-suédoise publiée dans le Journal of the American Heart Association, les chercheurs expliquent que les femmes qui font un infarctus du myocarde meurent davantage que les hommes, à profil cardio-vasculaire et situation équivalents. Pourquoi ?

Inégalités de soins entre les hommes et les femmes

Les résultats de l’enquête sont très clairs : après un infarctus, les femmes ne bénéficient pas de soins et de suivi aussi efficaces que les hommes. Principalement chez les malades pris en charge pour une forme précise de crise cardiaque : quand l’artère coronaire est totalement obstruée par un caillot sanguin. Face à un tel incident cardiovasculaire, la chirurgie est possible. Pourtant, les femmes ont un tiers de chances en moins d’en bénéficier. Et ce n’est pas tout, après un accident cardiaque, elles ont moins accès aux traitements médicamenteux (comme les statines, l’aspirine) et moins de suivi médical. C’est ce manque d’accès aux soins qui explique la surmortalité des femmes après un infarctus.

En revanche, quand elles en bénéficient, l’écart entre les hommes et les femmes s’estompe, note l’étude.

Prendre en compte le cœur des femmes : un bouleversement culturel

Il y a donc urgence à prendre en compte le cœur des femmes et surtout à considérer qu’elles peuvent, elles aussi, être victimes d’accidents cardiaques. En adoptant le même style de vie que les hommes depuis une trentaine d’années, les femmes ont également acquis les mêmes mauvaises habitudes d’hygiène de vie : tabagisme, stress, sédentarité, alimentation déséquilibrée et plus récemment alcool… « On constate ainsi une progression alarmante du nombre d’hospitalisations pour un infarctus chez les femmes jeunes : + 4,8 % par an entre 2009 et 2013 pour les 45-54 ans…», constate la  Fédération française de cardiologie.

« Il est urgent de bousculer nos idées reçues, qui nous font considérer les femmes comme protégées des maladies cardio-vasculaires jusqu’à la ménopause, grâce à leurs hormones, ajoute le Pr Claire Mounier-Vehier, présidente de la Fédération. Depuis quelques années, nous faisons face à une épidémiologie préoccupante, notamment chez les femmes de moins de 60 ans, qui ont adopté les mêmes comportements à risque que les hommes. » 

Le profil du patient qui fait une crise cardiaque n’est pas forcément un homme d’âge moyen, en surpoids et fumeur. Les pratiques sont à reconsidérer à la fois chez les professionnels de santé et auprès du grand public.

Il faut sans doute savoir que les signes avant-coureurs de l’infarctus chez la femme sont différents : douleurs dans la poitrine, des palpitations à l’effort ainsi qu’une fatigue, un essoufflement et des nausées. « Une attention particulière est nécessaire de la part des jeunes femmes  présentant au moins un facteur de risque cardio-vasculaire : tabac, stress, sédentarité, hypertension artérielle, cholestérol, diabète, etc. », précise la Fédération de cardiologie.