Bonbons aromatisés à l'alcool : une mode qui n'est pas du goût des addictologues

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Mojito, gin-fizz, margarita, les enfants pourraient vite s’habituer aux bonbons et autres sirops à la saveur d’alcool que les fabriquants ont concocté pour eux. Une tendance qui ne passe pas auprès des addictologues.

La Fédération française d’addictologie en la personne de son président Amine Benyamina alerte les parents et les pouvoirs publics dans une tribune au journal Le Parisien, sur la tendance en cours depuis quelques années, des confiseries et boissons au goût d’alcool. La célèbre marque de « champagne » pour enfants avait été précurseur en la matière, voici maintenant les bonbons, et sirops qui rappellent les fameux cocktails de l’été.

Mojito, gin-fizz, Margarita

A grand renfort d’affiches découlinantes de glaçons colorés, de feuilles de menthe, les marques rivalisent d’ingéniosité pour donner envie. Mais cette tendance n’est pas du goût des addictologues qui y voient une bonne façon d’initier le palais et le cerveau de nos chères têtes blondes et brunes. « En matière de santé publique, c’est d’une bêtise folle, réagit William Lowenstein, président de Sos Addictions. Les souvenirs d’enfance jouent un rôle une fois adulte. Cela les conduira plus tard à sous-estimer le risque de l’alcool, c’est la même farce qu’avec le Champomy ».

Et pour enfoncer le clou, ces parfums artificiels envahissent aussi les yaourts, les cornets de glace, les gels douche et les crèmes pour le corps.

L’alcool, catastrophe sanitaire

Si on peut se félicter du recul du tabagisme en France, on ne peut rester insensible aux 50 000 décès par an, que provoque l’alcoolisme. D’autant que les pouvoirs publics ne semblent pas prêts à affronter le lobby de l’alcool. Loin s’en faut. Le vin étant considéré pratiquement comme un patrimoine culturel. Les idées fausses persistent auprès de la population, ainsi 50,7 % des Français sont convaincus que ce « sont surtout les alcools forts qui sont mauvais pour la santé ». Or, on peut devenir alcoolique en buvant de la bierre. D’autre part, l’alcool est la première cause d’accident de la route en France, en particulier chez les jeunes. Et même si les hommes boivent toujours plus que les femmes, ces dernières sont de plus en plus nombreuses surtout chez les cadres et les diplômées.

Pour l’instant, rien de concret n’est fait, selon Amine Benyamina qui déclare : « Il n’y a pas de prise de position du président. On a toujours des mesurettes, comme cette histoire de grossir les pictogrammes sur les bouteilles pour les femmes enceintes, la belle affaire ! Ça ne va pas changer grand-chose. Il faut des mesures sur les taxes, la publicité, mais on ne les a toujours pas ».