Plongée au cœur de l'autisme

Hugo a quatre ans et il est très en colère. Personne ne le comprend. Pourquoi doit-on utiliser des mots pour communiquer ? Le spectacle L’empereur, c’est moi, est l’adaptation de l’histoire d’Hugo Horiot, autiste Asperger, et de son parcours singulier et courageux.

Hugo est un enfant différent, il le sait, il le sent. Enfermé dans son univers, il a du mal à communiquer, surtout avec les enfants de son âge, qu’il ne trouve pas dignes d’intérêt. Le spectacle L’empereur, c’est moi, actuellement à l’affiche, nous plonge dans l’univers d’Hugo Horiot, autiste Asperger, de son enfance emmurée, et de ses efforts pour faire reconnaître sa différence au monde extérieur. Après son livre coup de poing, Hugo Horiot interprète son propre rôle au théâtre dans une mise en scène sobre et subtile.

« Je ne veux pas entendre les voix et les cris autour de moi. Je préfère le silence. » 

Dès le lever de rideau, on comprend vite que quelque chose cloche chez cet enfant que l’on nous donne à voir. Dans un décor qui rappelle l’enfance, Hugo, drapé dans son habit de super héros, nous explique qu’il a quatre ans mais qu’il aimerait bien retourner dans le ventre de sa maman. Il voudrait aussi parler mais aucun mot ne sort de sa bouche ou seulement pour expliquer son enfermement et le carcan qui l’oppresse. Surpris, le spectateur est peu à peu happé par l’histoire de ce gamin singulier, son univers fort et violent. On le retrouve à six ans, à douze ans, on peste devant l’incompréhension du monde qui l’entoure : l’école, les psychiatres… On est finalement soulagé quand il arrive à briser le silence, à force d’intelligence et de volonté.

La mise en scène de Vincent Poirier nous aide à supporter ce monde hostile en nous livrant la présence silencieuse et lumineuse de Clémence Colin, comédienne sourde et muette qui traduit la rage d’Hugo en langue des signes et fait partie intégrante du spectacle. Le spectateur passe du silence assourdissant d’Hugo au silence reposant de Camille, nous offrant une traduction plus apaisée du mal être de l’enfant.

Dans son livre, Hugo réserve la postface à sa mère qui l’a toujours soutenu « En te lisant j’en comprends l’urgence, je découvre ta douleur et ce sont d’abord les larmes qui me viennent ». Elle termine par ces mots : « Bonne route Hugo ! J’ai adoré être ta mère ». Après avoir vu sur scène, L’empereur c’est moi, on pourrait rajouter : « Ce soir-là, nous avons adoré être votre spectateur ».

L’empereur c’est moi, au studio Hébertot, à Paris, et en tournée dans toute la France.

L’empereur c’est moi, éd. L’Iconoclaste, 17 euros.

Carnet d’un imposteur, éd. L’Iconoclaste, 15 euros.