Les jeunes dix fois plus touchés par l'obésité qu'il y a 40 ans

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124 millions de jeunes étaient obèses en 2016, contre 11 millions en 1975. Une situation qui pourrait devenir encore plus dramatique dans les années à venir, et dépasser les enjeux d’insuffisance alimentaire d’ici 2022.

En 2016, le monde a compté dix fois plus de jeunes obèses qu’en 1975. C’est ce que révèle une étude (en anglais) publiée ce mercredi dans la revue médicale britannique The Lancet. Ainsi, 124 millions de jeunes, âgés de 5 à 19 ans étaient considérés comme obèses l’année dernière, contre seulement 11 millions en 1975. 213 millions d’enfants et d’adolescents étaient, eux, considérés en surpoids.

D’après l’analyse, qui a porté sur 200 pays, ces 42 dernières années, l’obésité a augmenté partout dans le monde mais de manière moins forte dans les régions à revenus élevés que dans celles à revenus faibles ou intermédiaires. Autre différence relevée par les chercheurs: dans les pays occidentaux, les adultes continuent aujourd’hui à prendre du poids, tandis que l’Imc moyen des enfants et des adolescents a cessé d’augmenter. C’est tout le contraire qui a été observé en Océanie, en Amérique latine et dans les Caraïbes. Inférieure à 10 % dans la plupart des pays, en 1975, l’obésité concerne aujourd’hui 30% des jeunes d’îles du Pacifique, de Polynésie et de Micronésie et 20 % des jeunes des Etats-Unis, d’Egype, ou de l’Arabie Saoudite.

L’extrême maigreur diminue lentement

L’insuffisance pondérale continue pourtant de frapper bien plus de jeunes dans le monde que l’obésité : 192 millions de jeunes étaient concernés en 2016. Un fait qui s’explique en partie, selon les chercheurs, par la croissance démographique dans les pays où l’insuffisance pondérale fait des ravages, en Inde ou au Sri lanka par exemple. La tendance est cependant à la baisse. L’insuffisance pondérale est passée de 9,2 % en 1975 à 8,4 % en 2016 chez les filles et de 14,8 % en 1975 à 12,4 % en 2016 chez les garçons. « Si les tendances observées après 2000 se poursuivent, l’obésité chez les enfants et les adolescents devrait dépasser l’insuffisance pondérale modérée et sévère d’ici 2022 », alertent les auteurs de l’étude. 

L’alimentation saine toujours aussi peu accessible

Diverses politiques ont été mises en place pour stopper l’excès de poids chez les jeunes. Le rapport souligne notamment le fait que dans les pays à revenus intermédiaires, l’accent a pu être mis sur la règlementation de l’industrie et sur la taxation des aliments qui nuisent à la santé des consommateurs. Un chemin qu’ont rarement souhaité emprunter les pays occidentaux.

En outre, « peu de politiques et de programmes ont tenté de rendre les aliments sains, tels que les céréales complètes et les fruits et légumes frais, plus abordables grâce à des subventions ciblées, des bons alimentaires ou des repas scolaires plus sains », regrettent les auteurs de l’étude. Au prix du creusement des inégalités sociales et leurs répercussions sur la santé.

Les auteurs de l’étude prônent, eux, la mise en place d’une approche globale qui intégrerait des objectifs de développement durable, d’éducation, d’éradication de la pauvreté et de malnutrition – insuffisance pondérale et surpoids compris. « Pour ce faire, il faudrait que les organismes nationaux et internationaux et les donateurs s’engagent à remplacer l’approche fragmentée par une approche intégrée », soulignent-ils.

Sarah Bos