Le Refuge, un lieu d'accueil pour le jeunes homos

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Lauréate du Fonds de dotation de Solimut Mutuelle, l’association le Refuge, créée en 2003, accueille les jeunes exclus par leurs parents du fait de leur homosexualité ou de leur choix de genre. Outre une ligne d’écoute, elle leur propose un appartement, un accompagnement…

Quatre familles, un même rejet. Kevin a vingt-quatre ans et Nathanaël, dix-neuf. L’an passé, tous deux ont trouvé un sac devant la porte de chez eux, quand leurs familles ont appris leur préférence amoureuse ; Daniel, vingt-deux ans, s’est éloigné de sa mère lorsque celle-ci a arrêté de lui parler : « Je lui avais dit que j’étais gay. » Ce fut une autre histoire pour Meylany, vingt-trois ans. « Je ne suis pas homosexuelle, précise-t-elle. Je suis une femme depuis toujours, née dans le mauvais corps. A Madagascar, pour mes parents, je devais renier ma féminité. Alors, je suis venue en France pour engager un parcours de transition. » Aujourd’hui, ces jeunes sont hébergés dans l’un des quatre appartements lyonnais du Refuge, une association nationale créée en 2003 qui écoute, héberge et accompagne des personnes de 18 à 25 ans victimes d’homophobie ou de transphobie. La ligne d’écoute du Refuge a très vite rencontré le succès. «Le soir ou la nuit, par téléphone, les jeunes osent confier leur peur et leur besoin d’être acceptés, explique le président Nicolas Noguier, fondateur de l’association. Et ils ont souvent un problème urgent d’hébergement. » Le Refuge accueille environ 350 jeunes par an, pour une période de quatre à six mois dans l’une des 75 places d’hébergement en France. Comme chaque antenne, celle de Lyon compte des appartements où les jeunes apprennent à vivre ensemble de manière autonome (lessive, vaisselle…) et un local où ils rencontrent une psychologue, participent à des groupes de parole, des ateliers de recherche d’emploi ou de développement personnel. C’est d’ailleurs à ce type d’activités d’accompagnement – thérapies comportementales, sophrologie, hypnose, art thérapie – que seront affectées les sommes remises par le fonds de dotation, réparties entre plusieurs antennes du Refuge. Les jeunes bénéficient aussi de l’appui d’une trentaine de bénévoles qui se relaient auprès de Ségolène Moyne, la conseillère en économie sociale et familiale qui gère la vie au quotidien. Chacun a le temps de peaufiner son projet. Meylany cherche un poste d’hôtesse. Kevin veut passer le Bafa pour être animateur. Nathanaël rêve de communication. Quant à Daniel, qui s’imagine styliste, il cherche un poste de vendeur dans l’habillement : « Ici, j’ai pu réfléchir à ma vie. Mais je veux retrouver mon indépendance. Ce n’est qu’un passage.

 
Florence Leroux

 

Le Fonds de dotation Solimut Mutuelle de France

Colette Ellena préside depuis le 30 novembre le Fonds de dotation Solimut Mutuelle de France. « Il nous a paru urgent, explique t-elle, de conduire cette action afin d’aider les associations qui agissent au quotidien dans les secteurs sanitaire, social et solidaire. Il y a tant à faire, tant à créer… » Rappelant que « cette opération s’inscrit pleinement dans le cadre des valeurs fondatrices de notre mouvement », elle précise : « Un million d’euros ont été répartis cette année entre 32 associations qui opèrent à la racine de l’inégalité sociale. »

Elle ne manque pas, enfin, de souligner que « les sommes ne sont pas prises sur les cotisations mutualistes, mais sur une partie défiscalisable qui devrait être versée aux impôts ». M. C.