L’Académie de médecine alerte sur la situation sanitaire des migrants

Centre MSF pour jeunes migrants @Réa

Elle estime que les « obstacles » imposés par les pouvoirs publics est « préoccupante ».

La situation des étrangers arrivant en France est «préoccupante» compte tenu de la précarité des conditions de vie et d’hébergement, du manque cruel d’hygiène et d’un retard à l’accès aux droits, estime l’Académie qui a dévoilé son rapport L’immigration en France : situation sanitaire et sociale. Elle a également dénoncé « tous les obstacles qui provoquent, involontairement ou non, le retard à l’accès ou même l’absence de soins. L’Académie réclame notamment que tout exilé puisse bénéficier « dès son arrivée » d’un examen médical et d’un accès aux soins. Elle appelle aussi les autorités à faire « le pari de l’accueil.

L’institution a en particulier ciblé le délai de carence de trois mois récemment imposé aux demandeurs d’asile avant qu’ils ne puissent accéder à la Protection universelle maladie (PUMa, ex-CMU) alignant désormais leur accès aux soins à la carence de trois mois pour l’AME (Aide médicale d’Etat) réservée aux personnes en situation irrégulière. L’Académie recommande ainsi de « créer une Protection Maladie réellement universelle rassemblant AME et CMU ».

Si les demandeurs d’asile « présentent une mortalité plus élevée » que le reste des exilés, « la santé de tous les migrants est fragilisée par les traumatismes » du parcours migratoire, relève le rapport. Une situation aggravée par leur précarité en France, « entraînant des troubles organiques, infections aiguës, hépatites virales mais surtout mentaux six fois plus fréquents que dans la population générale ». « Il faut qu’on fasse le pari de l’accueil. C’est plus efficace, beaucoup moins onéreux et plus digne », résume le Pr Marc Gentilini, coauteur du rapport.

Les auteurs rappellent que la suspicion de fraude est devenue « un sujet dominant, alors qu’elle ne représente que 1 % des demandes de titres de séjour pour soins ».

L’Académie recommande d’ailleurs de réaffecter au ministère de la Santé plusieurs prérogatives concernant les migrants désormais dévolues au ministère de l’Intérieur, en particulier l’évaluation des critères médicaux en vue de l’obtention d’un titre de séjour pour soins.