La phagothérapie, un bon moyen pour lutter contre l'antibiorésistance

La phagothérapie, vieille de près d’un siècle, pourrait être remise au goût du jour pour lutter contre la résistance aux antibiotiques.

Qu’est-ce que la phagothérapie ?

La phagothérapie est l’utilisation de virus qui attaquent les bactéries. On les appelle bactériophages ou phages, et on les utilise pour traiter certaines maladies infectieuses bactériennes. Les phages ont été découverts pendant la Première Guerre mondiale et utilisés pour la première fois en France en 1919. Leur utilisation s’est propagée partout dans le monde pour lutter contre de nombreuses affections. Mais, avec l’arrivée des antibiotiques apparus après la Seconde Guerre mondiale, les phages sont tombés dans l’oubli, sauf dans les pays de l’Est où ils sont encore utilisés.

La phagothérapie, une vieille bonne idée remise au goût du jour

Aujourd’hui, l’antibiorésistance (phénomène mondial) et l’absence de développement de nouveaux antibiotiques ont remis la phagothérapie sur le devant de la scène. Avec l’aide de la biologie moléculaire qui s’est développée, on découvre aujourd’hui des propriétés intéressantes chez ces virus bactériens, « mangeurs de bactéries ». Les chercheurs envisagent de réhabiliter la phagothérapie dans le domaine médical mais aussi vétérinaire, agricole ou même environnemental.

Avantages des phages

Un phage ne détruira que certaines souches d’une espèce bactérienne (Staphylococcus aureus, par exemple), et respectera les bactéries utiles, contrairement aux antibiotiques dont certains ont un spectre très large. Ce qui évite les effets secondaires. Les rares réactions, s’il y en a, sont la conséquence de la destruction bactérienne au début du traitement : maux de tête, élévation de la température… Les phages agissent rapidement. En l’absence de la bactérie pathogène, les phages, incapables de se multiplier sont détruits et/ou éliminés. Le traitement est généralement court, deux à trois semaines et moins cher que les antibiotiques. La phagothérapie pourrait être utilisée pour les infections qui touchent les os et les articulations, mais également dans d’autres infections, urinaires, pulmonaires, oculaires… Notons que la phagothérapie peut être utilisée en complément d’une antibiothérapie.

Les freins à l’utilisation de la phagothérapie

La phagothérapie se heurte au manque d’intérêt des grands laboratoires qui jugent le retour sur investissment trop faible. D’autre part, il n’existe toujours pas de réglementation claire et les programmes de recherche sont rarement soutenus par les autorités publiques. En revanche, en Géorgie, où se trouve le Phage Therapy Center, les médecins proposent  un programme de traitement contre les infections réfractaires aux thérapies classiques.

L’Union européenne a lancé en 2013 un premier projet dans ce domaine, baptisé « Phagoburn », pour tester des phages contre des bactéries résistantes s’attaquant aux plaies de grands brûlés. Douze patients au total, recrutés en France, en Belgique et en Suisse, doivent participer à l’essai.

Source : colloque du jeudi 18 février à l’Assemblée nationale pour discuter des problématiques soulevées par l’usage des virus des bactéries dans un but thérapeutique. Organisé à l’initiative de la députée européenne Michèle Rivasi.