Inter génération : quand solidarité et engagement ne sont plus des valeurs à transmettre

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Les chiffres de l’étude Ipsos commandée par la France Mutualiste sur « transmission et engagement, focus sur les solidarités intergénérationnelles » ont de quoi effrayer…  Les valeurs du « vivre ensemble » ne font plus recette.

Les principales valeurs que les Français disent souhaiter transmettre à leurs enfants c’est : le respect des autres (58%), la confiance en soi (41%) et l’autonomie (26%). Ces deux derniers chiffres sont de « réels marqueurs individualistes qui disent combien les Français ont peur de ne pas s’en sortir », souligne Etienne Mercier de la société Ipsos qui a réalisé cette enquête.

Des marqueurs d’autant plus inquiétants qu’en toute fin de classement des valeurs que les Français souhaitent transmettre, on retrouve :  la solidarité (12%), la générosité (11%) et l’engagement (5%)…

82%, les Français estiment aujourd’hui qu’il existe une vraie rupture et « que la transmission ne se fait plus ». 

Pour l’écrivain Roger Pol Droit, invité par la France mutualiste lors d’un débat à commenter ces chiffres « il faut surtout se demander ce qu’on appelle « transmettre ». Il n’y a pas de société humaine sans transmission. Et ces transmissions, sont par nature, toujours imparfaites. Mais c’est par ces imperfections que la transmission va évoluer et s’améliorer. Et heureusement, car sinon il n’y aurait plus d’histoire humaine. C’est à travers ces imperfections que se poursuit ces transmissions. »

Côté apprentissages, la même enquête révèle que les Français souhaitent avant tout transmettre le savoir vivre et la politesse (85%), le respect de l’environnement (68%) et les sciences et connaissances (33%). 

Intéressant, mais en queue de classement arrivent : l’engagement social et associatif (18%) et l’engagement politique (4%).

Jean François Serre, auteur et fondateur de l’association Monalisa qui participait au débat insiste : « Il y a une crise de la transmission, c’est certain. Mais je perçois ce qui se passe de manière différente. Pour moi, il s’agit d’une crise de la rencontre. Il faut organiser provoquer ces rencontres. On est dans une mutation importante des formes de relations engagées. On est dans une crise de la relation… »

Ce que partage Carole Gadet, fondatrice de l’association ensemble demain. « Si on a une panne de la transmission, c’est que la jeunesse est inquiète et se pose de nombreuses questions sur son avenir.  Pour y répondre, nous devons favoriser la transmission dès le plus jeune âge, dès la maternelle, car il est plus dur de transmettre aujourd’hui. »

Pauline Costant, jeune responsable du réseau d’étudiants de tous en tandem, souhaite quant à elle modérer le terme de « crise » : « Il s’agit plus d’une mutation. Le besoin de la relation existe toujours, il est différent et les jeunes ont particulièrement envie d’aller vers les autres générations. »

Des mots qui sont plus rassurant que les chiffres bruts tirés du sondage.