Environnement : « Les cartes sont dans les mains des pouvoirs publics »

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Les effets de la pollution sur la santé sont de mieux en mieux connus, pourtant des mesures tardent à être mises en place. Entretien avec le cardiologue Pierre Souvet.

Dr Pierre Souvet, cardiologue, vice-président de l’association Santé environnement France.

Les citoyens sont-ils bien informés des risques que la pollution fait peser sur la santé ?

Oui, il y a une prise de conscience depuis environ une dizaine d’années. Les plus jeunes et les femmes y sont très sensibilisés, d’après une étude Opinionway effectuée pendant la Journée de l’air en 2017. Mais les polluants sont partout. Les produits chimiques envahissent notre quotidien. Et l’on sait maintenant qu’ils ont des effets négatifs sur le coeur, les poumons mais aussi sur le développement neurologique, la fertilité. Et même sur le quotient intellectuel. Nous avons perdu 4 points en dix ans.

Que peut-on faire chacun à son niveau ?

On peut appliquer des mesures de bon sens (ne pas faire de sport pendant un pic de pollution ou encore cesser d’utiliser des aérosols à l’intérieur, par exemple) mais les cartes sont surtout dans les mains des pouvoirs publics.

Quelles seraient les solutions à mettre en oeuvre ?

Surtout ne pas affoler la population en diffusant des messages anxiogènes. Lutter contre la pollution des moteurs Diesel, la plus dangereuse, est une décision politique. Le filtre à particules, obligatoire sur les voitures Diesel depuis 2011, c’est un progrès, mais il n’arrête pas complètement cette nuisance. A Tokyo, par exemple, ces voitures ont été interdites, cela a fait baisser la mortalité cardio-vasculaire de 11 % et respiratoire de 22 %. C’est la diminution de 44 % de la concentration de particules fines qui a permis ce résultat extraordinaire. Je ne connais pas de médicament capable d’un tel résultat.

Et certains de nos voisins européens réussissent dans la lutte contre les méfaits des pollutions. Par exemple, Stockholm, qui est la référence de l’Oms pour la lutte contre la pollution extérieure, a réussi à réduire considérablement la pollution aux particules fines. L’Italie aussi a fait beaucoup pour éliminer les pesticides. Et surtout, il faut faire de la prévention auprès des publics sensibles comme les femmes enceintes et même avant, chez les couples qui projettent d’avoir un enfant : parler du tabagisme, de la pollution intérieure, de l’utilisation de produits bio pour la chambre de bébé…

A lire :200 alertes santé environnement, Dr Pierre Souvet, éd. Guy Trédaniel, 19 €.