«En matière de complémentaire santé, les retraités sont maltraités»

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Les retraités payent leur mutuelle plus cher et ne bénéficient d’aucune aide, déplore Pierre Erbs, président de la Confédération des retraités.

 

Vous déplorez l’inégalité de traitement dont sont victimes les retraités en matière de complémentaire santé ?

En ce moment, les retraités ne sont pas à la fête, mais en matière de complémentaire, ils sont carrément maltraités. Et c’est tellement vrai que nous assistons à leur démutualisation. L’Ani, qui a généralisé la complémentaire santé dans les entreprises, a cassé les solidarités entre actifs et inactifs. Les retraités qui paient déjà plus cher leur complémentaire ont vu leurs tarifs majorés suite à l’Ani. On peut dire qu’ils subissent une triple peine : des tarifs plus chers que le reste de la population, majorés car c’est sur les contrats individuels que les complémentaires margent. Enfin, ils ne disposent d’aucune déductibilité fiscale. Isolés, dans des contrats individuels, les retraités n’ont pas non plus de pouvoir de négociation avec les organismes complémentaires comme c’est le cas pour les contrats de groupe, dans lesquels les employeurs font jouer la concurrence. Ce sont bien entendu les retraités les plus modestes qui sont le plus impactés, le coût d’une mutuelle étant très élevé en pourcentage des petites pensions.

Le gouvernement dit que sa réforme sur le reste à charge zéro devrait bénéficier d’abord aux retraités. Qu’en pensez-vous ? 

On nous dit que cette réforme est formidable pour les retraités qui sont plus que les autres confrontés aux problèmes d’audition ou dentaires. Mais un élément m’inquiète. On chiffre cette réforme à 600 millions d’euros. Le coût va bien être supporté par quelqu’un, en particulier pour partie par les mutuelles et donc avec un risque de report sur les cotisations. Donc avant de dire « bravo », j’attends de voir quel sera l’impact de ces mesures.

Concrètement, que demandez-vous pour les retraités ? 

Nous demandons un crédit d’impôt qui mette au moins les retraités au même niveau que les actifs. Nous sommes partisans également d’un retour à une plus grosse mutualisation du risque, pour en finir avec la segmentation qui s’est opérée dans la couverture maladie complémentaire des Français, en particulier avec le marché dual des actifs/inactifs.