Ecouter la parole des femmes : une petite révolution dans la médecine ?

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Entre le mouvement #Balancetonporc, la dénonciation des violences gynécologiques et obstétricales et l’entrée du clitoris dans un manuel scolaire, l’année 2017 a posé les jalons d’une avancée significative pour les droits des femmes, notamment dans le champ médical.

En 2017, le clitoris fait son entrée dans un manuel scolaire en France. Une petite révolution silencieuse ? Peut-être bien. Un seul des huit manuels scolaires édités tous les ans pour les collèges a fait le choix de représenter le clitoris dans son intégralité. Une initiative saluée par l’association de professeurs, Svt égalité, qui réclame cette modification depuis des années, estimant que, contrairement au sexe masculin, le sexe féminin n’était pas représenté de manière réaliste.

Et pour cause. Une étude menée en 2016 par le Haut conseil à l’Egalité entre les hommes et les femmes pointait que « les jeunes, et en particulier les filles, méconnaissent leur corps, et le plaisir féminin reste tabou : 84 % des filles de 13 ans ne savent pas comment représenter leur sexe alors qu’elles sont 53 % à savoir représenter le sexe masculin ». Sans parler du fait qu’une fille de 15 ans sur quatre ne sait pas qu’elle a un clitoris.

Un sérieux retard dans la médecine

Une méconnaissance qui en dit long sur la place du plaisir féminin dans la société. A l’été 2017, une courte vidéo a voulu rendre ses lettres de noblesse à cette partie de l’organe sexuel féminin – et a créé le buzz. « Les femmes sont chanceuses, elles possèdent le seul organe du corps humain qui sert uniquement au plaisir…», nous assure l’auteure de la vidéo. Un argument assez intéressant, quand l’on sait que c’est bien sous prétexte qu’il n’a pas de rôle dans la procréation, que le clitoris a été banni des encyclopédies médicales en 1930.

Aujourd’hui, certaines se battent contre la relégation du clitoris à ce qu’on nomme communément les « préliminaires » et en appellent à lui redonner une place plus juste dans la sexualité. A l’instar d’Odile Buisson, gynécologue qui a mené une série d’expériences pour comprendre le fonctionnement du plaisir féminin et qui a écrit, avec Pierre Foldès, Qui a peur du point G ?. Un ouvrage dans lequel elle explique non seulement les résultats de ses recherches – qui lui permettent d’établir l’existence du point G – mais aussi tous les blocages qu’elle a rencontrés pour travailler dessus. « On ne sait pas encore comment fonctionne le plaisir féminin que les hommes ont déjà leurs médicaments pour soigner leurs troubles érectiles », regrette-t-elle dans une conférence qu’elle donne en 2016, soulignant le retard qu’accuse la médecine dans le domaine.

Mieux connaître le corps féminin, et mieux le respecter ?

Et si l’année 2017 avait été celle de tous les changements ? Le mouvement #Balancetonporc lancé sur les réseaux sociaux à l’automne 2017 contre le harcèlement et les agressions sexuelles, a réclamé à grands cris une meilleure égalité, un meilleur respect du corps des femmes. Un mouvement qui avait déjà débuté dans les colonnes des journaux quelques mois plus tôt, lorsque des femmes ont commencé à dénoncer les violences gynécologiques et obstétricales.

Des violences qui sont l’objet du blog Marie accouche là, de Marie-Hélène Lahaye puis de son livre Accouchement : les femmes méritent mieux, sorti en janvier 2018. Propos, gestes déplacés, mais surtout non-prise en compte de la volonté des femmes, sont les critiques qui ressortent le plus souvent des témoignages. Si bien que, fin janvier, la Haute Autorité de Santé a publié pour la première fois ses recommandations, incitant les professionnels de la naissance à instaurer le dialogue avec leurs patientes et à leur offrir des informations « claires et loyales » sur les interventions qu’elles vont subir.

Des recommendations étonnantes de simplicité, qui laissent entendre que la loi Kouchner, relative aux droits des malades, qui établit la « nécessité du consentement libre et éclairé du patient » datant de 2002, a échappé au champ de la gynécologie. Il n’est pas trop tard pour se rattraper.