« Dans ma peau », une exposition au musée de l'Homme

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L’exposition « Dans ma peau » entraîne le visiteur dans un voyage immersif, mêlant expériences sensorielles, projections et dispositifs inédits. Elle lui réserve quelques surprises : entrer dans la peau de la surface à la cellule, identifier la couleur de sa propre peau dans un nuancier de possibles, découvrir la complexité fascinante de ce cinquième sens qui repose sur de multiples récepteurs, appréhender les ressources de ce prodigieux organe que les chercheurs ont su reconstruire pour aider à sauver des vies, réparer le corps… et nous sentir mieux dans notre peau.Musée de l’Homme, du 13 mars au 3 juin 2019. 17, place du Trocadéro, Paris XVIe. www.museedelhomme.fr

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Le saviez-vous ? Au cours d’une vie, l’épiderme se renouvelle 1 200 fois, notre cuir chevelu produit environ 12 km de cheveux par an, un adulte au repos élimine près de 1 kg de sueur par jour, nous avons 2 300 terminaisons nerveuses par cm2 au niveau de la pulpe des doigts, notre peau pèse entre 3 et 5 kg, soit 2 fois plus que notre cerveau… Voilà ce que vous allez découvrir dans cette magnifique exposition qui se tient au musée de l’Homme du 13 mars au 3 juin 2019.

Le visiteur est invité à pénétrer dans l’exposition par un tunnel dont les murs reproduisent les images acquises par imagerie multiphotons, une récente technique de microcopie laser puissante qui révèle la morphologie des différentes cellules dans leurs proportions réelles : la couche cornée, l’épiderme, le derme et l’hypoderme… Un spectacle vidéo projeté sur les murs accueille le visiteur à l’intérieur de la peau, juste sous la couche cornée et lui fait découvrir l’organisation de sa structure complexe : couche cornée, épiderme, récepteurs sensoriels, derme, vaisseaux sanguins, poils, glandes sudoripares et sébacées…. Au plafond, la vie extérieure déroule ses aléas (pluie, soleil… etc.) et leur impact apparent sur les couches supérieures de l’épiderme.

Face à un mur recouvert d’un nuancier des couleurs de peau, on invite le visiteur à déterminer la couleur de sa peau en mettant sa tête ou sa main dans une chromasphère. Il peut aussi observer une grande carte montrant la répartition des couleurs de peau à la surface de la planète. Une interview vidéo de Nina Jablonski (anthropologue de l’université de Pennsylvanie), démontre la corrélation entre la couleur de peau d’une population et le milieu dans lequel elle a évolué, illustrée d’explications graphiques sur le rôle de la mélanine, les facteurs qui peuvent moduler la couleur (latitude, âge, ethnie…). La couleur de la peau résulte d’un très long phénomène d’adaptation à l’environnement.

La peau est une véritable barrière

Sans elle, nous ne pouvons pas vivre. En fonction des situations dans lesquelles elle se trouve, la peau réagit pour nous protéger : son film hydrolipidique en surface a un effet déperlant qui évite de se transformer en éponge sous la douche, la sueur évite la surchauffe du corps en le maintenant autour de 37 °C, la chair de poule rappelle qu’il faut se couvrir, les frottements abrasifs provoquent un épaississement local de la couche cornée, les UV déclenchent, selon les carnations, bronzage, coups de soleil, puis à long terme, rides et taches.

A la surface de la peau vit une couche vivante et invisible de milliards de micro-organismes, microbes, bactéries et champignons : le microbiote. Cette microflore commence à passionner les équipes de chercheurs qui étudient le rôle de ces populations minuscules, plus ou moins bénéfiques.

Dans une ambiance de laboratoire à la scénographie ouverte, une série de stèles détaille toutes les étapes de la reconstruction de modèles de peau humaine. Une interview filmée d’Axel Kahn (médecin généticien), resitue dans leur contexte l’utilité de ces récentes recherches : les peaux reconstruites comme outil clinique pour des reconstructions de bien meilleure qualité (grands brûlés), comme outil d’étude de maladies génétiques rares (ex. Xeroderma Pigmentosum, la maladie des enfants de la Lune qui ne peuvent vivre à la lumière du jour car ils développent des cancers cutanés à répétition), comme support pour tester l’efficacité d’une technique ou d’un produit sur la peau, tout en permettant de limiter le recours à l’animal.

Une exposition passionnante, à visiter en famille.