Autisme : pour un diagnostic plus rapide

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Alors que le quatrième plan Autisme du gouvernement est en cours de préparation, la Haute Autorité de santé propose de nouvelles mesures pour permettre un diagnostic précoce pour les enfants atteints d’un trouble autistique. 

Les enfants autistes sont diagnostiqués trop tardivement. C’est ce que souligne la Haute Autorité de santé (Has) dans ses recommandations, publiées le lundi 19 février, en posant les bases d’un dépistage plus rapide.

Un diagnostic difficile à poser

L’autisme touche une naissance sur 100 en France. Environ 600 000 personnes seraient concernées par ce trouble neurodéveloppemental qui affecte le langage, la relation à autrui, le développement moteur et sensoriel. Il se manifeste en général entre 1 et 2 ans. « Plus le diagnostic est posé tôt, plus les interventions pourront être mises en place précocement et aideront l’enfant dans son développement, explique la Has. Malheureusement, le diagnostic est encore trop tardif en France et les parents inquiets ne savent pas toujours vers qui se tourner. »

Aujourd’hui, il faut en effet attendre en moyenne entre 3 et 5 ans pour qu’un premier diagnostic soit posé, alors qu’il peut être établi théoriquement dès 18 mois. Seuls 15 % des enfants concernés bénéficieraient aujourd’hui d’une prise en charge correcte, selon un rapport de la Cour des Comptes, publié en décembre 2017.

Outre les inégalités d’accès à un diagnostic sur le territoire et le manque de visibilité des professionnels spécialisés, pointés par la Has, l’association Autisme-France, parle, elle, sur son site, d’une réelle difficulté à reconnaître l’autisme. « Il arrive que des enfants atteints d’autisme ne manifestent aucun symptôme qu’on puisse déceler sur-le-champ au cabinet du médecin. Certains enfants autistes peuvent avoir un développement moteur normal ou même en avance, alors que d’autres accusent un retard. L’autisme est sans doute beaucoup plus fréquent qu’on ne le pensait jusqu’à maintenant. » D’autant que les délais d’attente pour une prise en charge, une fois le diagnostic posé, s’établissent entre 6 mois et un an. Des délais qui doivent être « améliorés » selon l’institution.

Vigilance accrue pour les médecins et professionnels de la petite enfance

Cette situation est lourde de conséquences pour l’apprentissage et la vie sociale des enfants concernés : « Ceux qui travaillent auprès des enfants autistes constatent des différences notables entre les enfants soumis à une intervention professionnelle précoce et ceux qui ne le sont pas, explique Autisme-France. L’intervention précoce peut diminuer les symptômes secondaires, tels que les comportements destructeurs et l’automutilation. »

Face à ce constat, la Haute Autorité de santé appelle les professionnels de santé et de la petite enfance à la vigilance : « Si le diagnostic de l’autisme est complexe, de premiers signaux d’alerte peuvent être repérés par les parents et les professionnels de la petite enfance et de l’enfance : absence de babillage, de pointage à distance avec le doigt ou de gestes sociaux (coucou, au revoir) avant 12 mois, de mots à 18 mois et au-delà, d’association de mots à 24 mois et au-delà. »

La Haute Autorité de santé enjoint ainsi les médecins, dans le cadre des examens de santé obligatoires qui interviennent entre 0 et 6 ans, à s’intéresser systématiquement à la communication et à la motricité de l’enfant. En cas de signaux d’alerte constatés par l’entourage ou le médecin lui-même, ce dernier doit consacrer une consultation dédiée à la recherche de signes de l’autisme et orienter l’enfant vers une consultation spécialisée si la suspicion est confirmée.

« L’autisme ne peut pas être diagnostiqué par un seul professionnel lors d’une consultation unique ou chez soi grâce à un questionnaire sur internet ; il requiert l’observation croisée de plusieurs professionnels spécialisés. » Pédopsychiatres, psychologues, professionnels de la rééducation spécifiquement formés au trouble du neurodéveloppement et de l’autisme, devront ainsi être mobilisés.

Pour aller plus loin : Le dépistage précoce de l’autisme (Autistes sans frontières)