« Personne ne peut soupçonner que je suis bipolaire » 

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Agathe Lenoël a été diagnostiquée bipolaire à 19 ans. Ce trouble, lui a fait traverser des mondes insoupçonnés, des chemins de traverse. Aujourd’hui, à 39 ans, elle est heureuse et témoigne dans son livre pour changer notre regard sur la maladie.

Le trouble bipolaire (on l’appelait avant : psychose maniaco-dépressive), est une variation anormale de l’humeur, une alternance de périodes d’excitation (manie ou hypomanie) et de dépression, voire de mélancolie profonde, entrecoupées de périodes de stabilité. Agathe Lenoël a été diagnostiquée à 19 ans. Aujourd’hui, à 39 ans elle va bien et raconte dans son livre « Qui suis-je quand je ne suis pas moi ?  », ces moments où « elle n’est plus elle ».

Vous avez été diagnostiquée à 19 ans et vous dites que vous avez eu de la chance, pourquoi ?

Agathe Lenoël : oui, j’ai été diagnotiquée dès mes premières crises, je me suis adressée au bon endroit et j’ai ainsi pu gagner dix ans. J’ai très tôt appris à me considérer comme malade au même titre qu’une diabétique. La bipolarité est très à la mode en ce moment, mais le regard que l’on a est parfois méfiant. Entre 1 et 4 % de la population en est atteinte soit entre 660 000 et 2,6 millions de personnes. En France, elle est bien diagnostiquée, les traitements sont efficaces couplés à une thérapie et une vie équilibrée, on peut vivre avec et être heureux !

La bipolarité, selon vous, est une autre manière de voir la réalité ?

Agathe Lenoël : elle m’a enseigné une autre vision de la réalité. Elle a décuplé mes sens et mon rapport au monde, aux autres. Le titre de mon livre « Qui je suis quand je ne suis pas moi ? » le démontre, j’ai voulu savoir au fond, ce que faisait la maladie. J’ai appris qu’elle me fait toucher mes limites et toutes les crises même les plus fortes, m’ont apportée un « plus » dans les émotions, les sensations, la réflexion…

Pourquoi avez-vous voulu témoigner dans ce livre ?

Agathe Lenoël : je parle de mon parcours mais je ne suis pas vraiment au centre du livre. C’est une manière de parler de la bipolarité car souvent les gens ont une vision confuse : effrayante ou fascinante ! En plus, chaque personne atteinte est différente. Je ne parle pas au nom de tous les diagnostiqués bipolaires !

En revanche, je veux démontrer que ce n’est pas une maladie comme les autres. Là, le patient peut faire quelque chose. Il peut agir en s’acceptant. Le rôle de l’entourage est très important. J’ai de la chance d’avoir une grande famille qui m’a soutenue, portée et un compagnon présent et aimant. Quant à moi, je ne me sens pas « malade », peut-être un peu plus fragile, avec un rapport au monde, différend, personnel. Maintenant j’accepte que, tout ce que j’ai vécu, est de l’ordre du passé.

A lire : « Qui suis-je quand je ne suis pas moi ? », une bipolaire témoigne d’Agathe Lenöel, éd. Odile Jacob, 21,90 euros.