On consomme trop d'antibiotiques

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A l’occasion de la Journée européenne d’information sur les antibiotiques, plusieurs études prouvent qu’en France on prescrit encore trop d’antibiotiques, ce qui favorise l’antibiorésistance.

Trois rapports provenant de l’Agence nationale de la sécurité du médicament (Ansm), l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation et de l’environnement (Anses) et de Santé publique France, sont unanimes : la France reste l’un des plus gros consommateurs d’antibiotiques en Europe. Surtout en médecine de ville, où ont été prescrits plus de 90 % des antibiotiques utilisés en France en 2015. La pénicilline représenterait plus d’un tiers des prescriptions.

« Les antibiotiques ne sont pas automatiques, utilisés à tort, ils deviendront moins forts »

La Journée européenne des antibiotiques, le vendredi 18 novembre, est l’occasion de faire un point sur la prescription, la durée, les tests de diagnostic rapide, l’information aux patients…
Car à trop prescrire ces précieux médicaments, l’antibiorésistance pourrait devenir l’une des principales causes de mortalité dans le monde. Chaque année, en France, 12 500 décès sont liés à une infection à bactérie résistante aux antibiotiques.

Dans le monde, les résistances microbiennes seraient actuellement responsables de 700 000 morts par an.

C’est pourquoi le ministère de la Santé lance un plan pour lutter contre l’antibiorésistance visant à « diminuer la consommation d’antibiotiques de 25 % d’ici à 2018 et à réduire les conséquences sanitaires et environnementales de l’antibiorésistance ».

Comment ? Notamment en informant les professionnels de santé, en sensibilisant les patients, en développant de nouvelles stratégies thérapeutiques, en mesurant l’antibiorésistance, avec la création d’un réseau de surveillance, en lien avec les agences régionales de santé (Ars), l’Institut de veille sanitaire (Invs) et le Centre national de référence de la résistance aux antibiotiques, tout cela coordonné au niveau mondial avec l’Organisation mondiale de la santé (Oms).

Mais il faut aussi, selon les experts, développer la recherche pour le développement de nouveaux antibiotiques pour prévenir la crise de l’antibioréistance et cela suppose un réel engagement de l’Etat.

Des tests sous-utilisés

Actuellement, des tests existent pour détecter si une angine est bactérienne ou virale (le plus souvent), mais ils sont sous-utilisés. Pourtant, ils sont simples d’utilisation. Le médecin gratte le fond de la gorge du patient avec une sorte de grand coton-tige, place le prélèvement dans un tube contenant un réactif et en quelques minutes, on obtient le résulat.

Si le test est positif, cela signifie que l’angine est due à la bactérie streptocoque du groupe A et qu’un traitement par antibiotiques est nécessaire. A l’inverse, si le test est négatif, l’angine virale ne nécessite pas de traitement par antibiotiques. Le test est remboursé par la Sécurité sociale. D’autres tests plus précis sont pratiqués en laboratoire. Mais, malgré leur facilité d’utilisation, ces tests sont sous-utilisés par les médecins.

La Journée de l’antibiorésistance est l’occasion d’insister pour que les praticiens utilisent ces tests rapides, plus souvent.