Les cosmétiques « naturels » ou « hypoallergéniques » sont-ils sans risque ?

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La vogue du « naturels » et du « bio » a conduit à la multiplication de produits cosmétiques et alimentaires vendus sous cette dénomination. Toutefois pour être naturels, ils n’en sont pas moins composés de molécules susceptibles de provoquer des réactions d’intolérance d’irritation ou allergiques.

S’agissant des cosmétiques, ces réactions s’expriment le plus souvent sous la forme de dermatoses de contact. Elles sont de plus en plus souvent constatées par les dermatologues, parallèlement à l’augmentation de l’utilisation de ces produits, mais elles sont assez difficiles à appréhender, en raison de la complexité des préparations cosmétiques et de la nature exacte de l’allergène. Un produit dit «naturel » est composé d’un mélange de nombreux ingrédients, chacun pouvant se comporter comme un allergène éventuel. De plus, le pouvoir sensibilisant du produit peut varier en fonction de son origine, de ses conditions de culture, de conservation, de contamination ou de dégradation. C’est le cas, par exemple, du limonène et du linalool, contenus dans de nombreuses huiles essentielles comme la lavande, l’écorce d’orange amère, l’huile de pin ou de théier… C’est ainsi qu’à la suite de problèmes neurologiques induits par les huiles essentielles celles-ci ont été interdites chez les enfants de moins de trois ans, et limitées chez les enfants de 3 à 7 ans.

Les mentions « sans parfum » ou « conservateurs » fleurissent aussi sur les emballages. Le consommateur se dirige vers le « sans » en pensant acheter un produit irréprochable. «Pour le médecin dermato-allergologue, explique le Professeur AB Goossens de Leuven (1), ces mentions n’ont aucun intérêt. Seule la liste des ingrédients bien indiqués par ordre de concentation, bien lisible sur le dessus de l’étiquette visible avant achat, présente un intérêt».

Quant au terme bio, il n’a pas un sens bien défini. Les labels bio certifient seulement que le produit est conforme à un cahier des charges et qu’il a fait l’objet d’une attention particulière par son fabricant pour se conformer à des règles établies par le label pour choisir ses ingrédients par exemple. Ces règles ne sont pas une garantie de sécurité sanitaire. Car il ne faut pas oublier les conservateurs, autorisés dans les produits écologiques, comme l’acide sorbique, l’alcool benzylique, l’acide déhydroacétique qui peuvent provoquer des réactions allergiques.

 

(1) Intervention lors du 10 ème Congrès d’allergologie avril 2015