Eczéma : « Les patients ont besoin d'être rassurés »

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La 3e Journée nationale de l’eczéma, samedi 24 juin, nous invite à faire connaissance avec cet ensemble de maladies de la peau, qui provoquent des plaques rouges et des lésions, difficile à vivre au quotidien. Interview du Dr Caroline Jacobzone, vice-présidente de Résoeczéma.

L’eczéma, représente la deuxième maladie de peau en fréquence après l’acné. Elle concerne 2,5 millions de Français, surtout des femmes. Un enfant de moins de 7 ans sur 5 est concerné, ainsi que 18 % de ceux âgés de 7 à 16 ans, ainsi que 15 % des nourrissons de moins d’un an. L’eczéma représente un tiers des motifs de consultation en dermatologie. Et, le nombre de patients a triplé en trente ans dans les pays industrialisés.

Quelles sont les préoccupations des patients qui souffrent d’eczéma ?

Les patients savent en principe ce qu’est la maladie. Ils sont surtout besoin d’être rassurés. On leur reprécise que ce n’est pas contagieux, que ce n’est pas du à un manque d’hygiène… Ils ont aussi besoin de conseils pratiques pour le quotidien. J’explique alors qu’il faut éviter les bains trop chaud qui déshydratent la peau, utiliser des crèmes, peu ou pas parfumées, des produits ménagers non irritants… Ils me parlent beaucoup du regard stigmatisant des autres à leur égard car l’eczéma s’exprime la plus part du temps sur des parties visibles de la peau : les mains, le visage… Et la peau est une interface avec l’extérieur. Pour certains malades, il est nécessaire de changer de métier et il faut parler reconversion ou réorientation.

Existe-t-il des traitements efficaces ?

Oui, mais il n’existe pas de traitement qui agisse comme une baguette magique. Pour traiter et soulager l’eczéma, il faut hydrater la peau tous les jours, ce qui restaurer la barrière cutanée. En période de crise (démangeaisons, sensations de brûlure…), il faut appliquer sur les zones douloureuses des crèmes à base de cortisone qui vont réduire l’inflammation. Si ce n’est pas suffisant, on peut prescrire des traitements oraux. Un nouveau médicament qui agira sur le système immunitaire et les mécanismes inflammatoires est attendu courant 2018. Il traitera les formes sévères de la maladie qui résistent aux traitement de première intention. Il nécessitera une injection sous la peau tous les quinze jours et s’adressera aux adultes.

Quand les traitements médicaux ne suffisent pas ?

Les traitements soulagent et améliorent la qualité de vie mais parfois, ce n’est pas suffisant. Nous ne sommes pas tous égaux devant la maladie. L’eczéma est une maladie chronique et il faut vivre avec. A la longue, le patient a du mal à suivre le traitement et a tendance à l’abandonner. Quand le malaise persiste, nous essayons d’orienter le patient vers un thérapeute ou des groupes d’éducation thérapeutique qui existent de plus en plus dans les Chu.

A savoir

Il existe trois types d’eczéma.

– L’eczéma atopique (le plus fréquent), d’origine génétique. La peau devient perméable aux agressions extérieures et laisse passer les allergènes présents dans l’air : les poussières, les pollens, les acariens. Dans le même temps, l’eau s’évapore en grande quantité provoquant une sécheresse importante de la peau. La maladie évolue par poussées avec des plaques rouges et de fortes démangeaisons. Toutes les parties du corps sont concernées.

– Eczéma limité aux mains (adultes). Il est souvent provoqué par des produits ménagers ou professionnels mais aussi par le froid ou l’excès de chaleur.

– Eczéma allergique de contact : provoqué par des objets contenant des allergènes qui peuvent se trouver dans des bijoux, clés, vêtements, produits cosmétiques, peintures, métaux… A leur contact, une poussée d’eczéma se déclenche.

Les précautions pour l’été

– Appliquer une crème solaire d’indice de protection 50 au minimum et continuer à bien hydrater la peau. Le traitement à base de corticoïde ne doit pas être arrêté mais pris le soir après la toilette.

– L’eau salée de la mer ne pose aucun problème, il suffit de prendre une douche à l’eau claire après le bain. Sauf en cas de crise sévère car l’eau salée peut entraîner de vives sensations de brûlure. Idem pour la piscine.

– Limiter la transpiration en portant des vêtements en coton ou en lin.

Journée de l’eczéma le 24 juin, renseignements sur Resoeczema.