Rencontre avec Anne Pfersdorff, engagée en mutualité

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« Nous avons un effort à faire pour proposer aux jeunes un engagement plus concret ».

J’ai passé les vingt premières années de ma vie à Strasbourg. J’ai fait mes études dans un lycée public international. J’ai toujours aimé m’ouvrir au monde, aux autres. Père médecin, j’ai toujours été sensible aux questions d’accès aux soins, maman journaliste et engagée. Ils m’ont appris que j’avais de la chance de vivre dans un milieu favorisé, dans lequel je pouvais m’épanouir intellectuellement et qu’il fallait être attentif aux autres. Après mon Bac, j’ai fait une prépa pour tenter les concours des écoles de commerce. Je suis entrée à l’école Kedge à Marseille. J’avais envie de travailler sur les questions de développement durable et d’aide internationale. A la fin de ce cursus, j’ai passé un semestre à Washington au sein d’une Université partenaire, tout en m’investissant en alternance dans une association de soutien aux sans-abris. J’avais fait des études d’économies et si j’avais découvert toutes les théories économiques possibles : classiques, néo classiques,  personne ne m’avait jamais parlé de l’économie sociale et solidaire (ESS) et encore moins de la Mutualité. 

A la fin de mes études, j’ai fait un stage à la Croix-Rouge Française. Celui ci m’a permis de me familiariser avec la notion d’entreprise sociale œuvrant pour l’intérêt général : la diversification de leur terrains d’interventions, les sources de financement. Cela m’a passionné. Alors j’ai décidé de compléter ma formation par un second Master 2 sur l’Economie sociale et solidaire à l’Institut Catholique de Paris. Et si le thème de la mutualité y était abordé, cela restait encore pour moi, à l’époque, la zone de l’économie sociale la plus floue. Enfin, j’ai fait un stage auprès du Conseil supérieur de l’économie sociale et solidaire chargé du dialogue entre les pouvoirs publics et les acteurs de l’ESS. A la fin de ce stage, j’ai été embauchée à la Mutualité Française au département des affaires publiques et de l’ESS. J’y suis restée trois ans.

Faire connaître la Mutualité, en particulier aux jeunes

Ce fut une grande découverte pour moi. Nous étions chargés de faire entendre la voix de la Mutualité dans le cadre de la rédaction de la Loi Hamon sur l’Ess. Parallèlement, j’ai adhéré au CJDES (Centre des jeunes dirigeants de l’économie sociale) que je préside actuellement. Je suis la première femme à diriger ce collectif. J’ai d’ailleurs reçu à ce titre, et j’en suis fière le trophée de la femme citoyenne décerné par le journal « l’argus de l’assurance ».

Il y a deux an et demi, j’ai rejoint la Mutuelle Nationale des Territoriaux (MNT) pour appuyer l’engagement mutualiste. C’est dire combien la question de faire connaître la Mutualité, en particulier aux jeunes, me tient à cœur.  Si ces derniers connaissent assez bien le monde associatif, ils ignorent totalement l’existence de la Mutualité. C’est pourtant un univers passionnant. Se dire que l’on peut agir efficacement au niveau local pour que personne ne soit exclu des soins, pour que l’on puisse vivre en meilleure santé, c’est quand même formidable. 

Les mutuelles doivent aujourd’hui faire un gros travail d’information en particulier sur leur système spécifique de gouvernance démocratique. Il y a aussi un énorme chantier à mener sur la formation et la montée en compétence tout au long des parcours des élus. Car avec la complexification économique et règlementaire du secteur, le niveau d’exigence doit s’élever. Enfin, pour que les jeunes aient envie de nous rejoindre,  nous avons un véritable effort à faire pour leur proposer un engagement plus concret à travers lequel ils peuvent prendre confiance dans cet environnement mutualiste. Pour cela, plusieurs types d’initiatives sont opportunes comme des sensibilisations à la prévention que les mutuelles mettent en place : « posture au travail », « santé et environnement » qui permettent de travailler en lien avec les associations ou les collectivités locales, mais aussi lors de journées portes ouvertes, de salons, d’évènements sportifs qui peuvent mobiliser les plus jeunes.

Et puis bien sûr, il faut s’adresser aux étudiants. Je donne maintenant des cours sur la Mutualité en Master à La Sorbonne et à l’Institut Catholique de Paris. J’explique ce qu’est une mutuelle, en quoi elle diffère radicalement d’une compagnie d’assurance par son but non lucratif et ses valeurs de solidarité.