Mutualité : s'engager pour l'avenir

Dans notre dossier, il est question du renouvellement des élus et des cadres du mouvement mutualiste, ce mouvement social unique en son genre. Témoignages et portraits. La Fédération des mutuelles de France a choisi ce thème pour son douzième congrès.

Jocelyne Leroux

Rien ne me prédestinait à entrer « en mutualité » comme on dit. Je suis bretonne et j’ai grandi dans un petit village près de Brest. Après un BTS d’informatique et de gestion, j’ai travaillé au sein de l’agence brestoise des laboratoires Boiron.  Par hasard, en 1998 j’ai rencontré à titre personnel, Pierre Guivarch. Il était alors le Président de la Mutuelle de Bretagne Livre 3 (voir encadré) qui possédait et possède toujours un très bon réseau de centres optiques, dentaires et de pharmacies mutualistes. J’évoluais à l’époque dans un milieu d’artistes et Pierre nous avait demandé de l’aider à faire signer une pétition de défense de l’accès aux soins. J’avais réuni beaucoup de signatures dont celle de Claude Nougaro. A cette époque, je commençais à m’ennuyer dans mon travail. Pierre cherchait une assistante. J’ai dit banco. J’ai découvert la mutualité, je n’y connaissais rien.  Autour de moi, personne ne savait ce qu’étaient les Mutuelles de Bretagne. 

« J’ai trouvé un mouvement magnifique »

J’ai trouvé un mouvement magnifique au sein duquel chacun pouvait s’engager pour améliorer la société. Quelle belle idée de permettre à des patients d’accéder aux soins sans faire l’avance de frais.

Petit à petit, j’ai pris des responsabilités d’abord au sein de la Mutuelle atlantique de prévoyance (MAP) dans laquelle je suis devenue déléguée (encadré). Puis Pierre Guivarch m’a incité à devenir administratrice, élue sur une liste de délégués lors de l’Assemblée générale. Au début, je n’étais pas très chaude. Je trouvais que le monde de la Mutualité était très technique et employait un jargon incompréhensible. Les responsables s’exprimaient par sigles auxquels, je ne comprenais rien. Mais ce qui m’a plus, c’est la convivialité qui y régnait et le militantisme de ses administrateurs animés par une volonté de progrès social afin que leurs adhérents puissent accéder à ce qu’il y a de mieux en terme de soins. Peu à peu, j’ai intégré ce nouveau langage. Je suis ensuite devenue administratrice de la société mutualiste du Finistère, puis de la MFBCO, aujourd’hui Solimut Centre océan, après sa fusion avec 10 autres mutuelles de la côte Atlantique. Par la suite je suis devenue membre du bureau, secrétaire générale puis Présidente. J’ai beaucoup développé la prévention, mon dada, en favorisant des rencontres entre la mutuelle et des partenaires du secteur associatif. Nous avons organisé de nombreux café santé pour informer nos adhérents sur des questions comme le sommeil, l’arrêt du tabac en invitant des grands professeurs de médecine.

La Mutuelle c’est le bien commun

J’ai aussi entrepris un grand travail de formation pour donner envie à des adhérents de s’investir, de devenir délégués. La Mutuelle, ce n’est pas que des prestations, c’est le bien commun de tous les adhérents qui peuvent s’ils le souhaitent devenir acteurs de leur santé. Au début, souvent, les réactions sont mitigées . On vous répond : « je n’ai pas le temps », « je n’y connais rien », « je ne serai pas utile ». Et puis lorsqu’ils comprennent toute l’importance de notre réseau, ils se lancent.

Depuis 18 mois, je représente la Mutualité française au sein du Conseil Economique et Social Européen (Cese) au sein du collège qui représente les organismes de la société civile. Cette désignation est faîte par le premier ministre. Je suis très fière de cette mission même si je découvre la difficulté et les freins qui rendent difficiles les prises de décision communes au niveau européen en particulier pour établir un socle commun de droits sociaux. 

Je suis partie de la base il y a quelques années à peine. Je connais peu de mouvement permettant à ces élu d’atteindre de tels niveaux de responsabilités. Je crois bien que c’est unique.