Danser au chevet des malades

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Danser à l’hôpital et apporter un rayon de soleil dans la vie des malades, tels sont les objectifs de la compagnie Acm ballet. Depuis 2006, elle propose de vrais spectacles chorégraphiés par des danseurs professionnels qui mettent leur passion et leur enthousiasme au service des patients. Nous les avons rencontrés à l’hopital Jean-Jaurès (Paris), au service de soins palliatifs.

C’est sans doute une scène inattendue voire improbable : des danseurs dans un service de soins palliatifs. Et pourtant, la compagnie Acm Ballet lance un pari magnifique d’offrir un vrai spectacle à des patients en fin de vie, dans leur chambre, au pied de leur lit.

Depuis 2006, cette compagnie soutenue par des danseurs de l’Opéra de Paris, oeuvre pour que la danse entre à l’hôpital. Certes, le pari est audacieux à cause des contraintes de place dans les chambres mais la performance vaut le coup, l’aventure humaine est un formidable dopant. « Nous créons nous-mêmes nos chorégraphies. Elles sont courtes et variées, cela peut être sur de la musique classique, folklorique, de la variété, des standards américains », explique Valérie Martel, danseuse et responsable des projets de la compagnie à l’hôpital.

Quatre danseurs interviennent, de chambre en chambre, aujourd’hui ce sont Claire, Guillaume, Nico et Valérie. Au programme : Julien Doré, Charles Aznavour, et un standard de jazz.

Hôpital Jean-Jaures, Paris 19ème, service de soins palliatifs, lundi 11 décembre.

13H30 répétition

Au fond du couloir, on perçoit des rires et des conversations animées. Aussi bizarre que cela puisse paraître dans ce service de soins palliatifs, une salle est transformée en loge. On y découvre des costumes, une table basse où trainent du maquillage, des pinces à cheveux, des boucles d’oreilles, des chouchous, un juste au corps, des collants… Valérie, Claire, Guillaume et Nico se préparent, se costument, se maquillent. On rit, on s’étire, on cale les derniers pas de la prochaine chorégraphie. « Piqué, relevé, porté, tu passes la main droite d’abord, j’ai plus d’équilibre comme ça…» La vie est présente, palpable dans ce lieu hors du commun, hors du temps…

Les équipes médicales en service ce jour-là sourient en passant devant cette loge improvisée, heureuses d’accueillir la compagnie. « J’adore quand ils viennent, ça nous change du quotidien, raconte Aïssa, aide-soignante, chaque fois que je les vois, j’ai envie de danser ! »

14h : on entre en scène

En deux temps trois mouvements, les danseurs maquillés, costumés sont prêts. « Pour nous, la chambre du malade est notre scène. On frappe, nous nous présentons et proposons un moment de partage et de plaisir. Nous n’imposons rien, ni aux malades ni aux familles. Mais il est rare d’essuyer un refus » explique Valérie. « La musique et la danse sont des langages universels confie Nico, nous remarquons toujours, même chez des patients très fatigués, une expression, un mouvement de main, de tête, qui signifient qu’ils sont avec nous, qu’ils participent à leur manière ».

Parfois les soignants s’invitent, applaudissent à la fin de la prestation. « C’est primordial de laisser rentrer la vie dans ce service, défend la Dr Lewandowski, médecin référente. Les danseurs apportent énormément aux malades mais aussi aux familles présentes dans ces moments très difficiles à supporter. »

D’ailleurs, la famille est la bienvenue quand elle est présente. Le temps dansé est suivi d’un temps de parole. « Il adorait la danse, confie la sœur d’un malade, assise à son chevet ce jour-là, je suis sûre que cela lui a fait plaisir. » Emotion, plaisir partagé, une bouffée d’oxygène pour les proches aussi.

La tournée des chambres se poursuit. A chaque fois, les danseurs donnent de leur enthousiasme, de leur gaité. Certains n’en reviennent pas. De la danse dans un service de soins palliatifs ! Puis, c’est la fin des spectacles, le rideau tombe mais les danseurs reviendront fin décembre et ouvriront une autre parenthèse de vie et de mouvement dans ce service mais aussi dans d’autres hôpitaux ou des maisons de retraites.

 

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