Chirurgie : des inégalités territoriales

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Le nombre d’opérations chirurgicales varie d’une région à l’autre, selon un Atlas publié par le ministère de la Santé. Des disparités qui favorisent les inégalités de santé.

Appendicites, césariennes… le nombre et le type d’opérations chirurgicales sont différents selon les régions françaises, d’après un Atlas publié par le ministère de la Santé. 

Quelles sont les opérations les plus pratiquées en France, dans quelles régions ? Ce constat de l’Atlas révélerait-il des inégalités de santé en France ?

France : quelle est l’opération la plus pratiquée ?

C’est la césarienne, avec 152 679 opérations en France en 2014. « En France, près d’une femme sur cinq donne naissance par césarienne. Dans moins de la moitié des cas, la césarienne est programmée », note l’Atlas.

La France se situe nettement en dessous des pays comme l’Allemagne et l’Australie, mais le nombre de césariennes peut varier du simple au double selon le département.
La Guyane, les Alpes-de-Haute-Provence, la Lozère et la Haute-Corse enregistrent plus de 23 césariennes pour 100 naissances tandis que l’Yonne, le Loir-et Cher, le Doubs, la Guadeloupe, le Jura et la Haute-Saône en partiquent moins de 15 pour 100 naissances.

Régions : les opérations les plus pratiquées

L’opération de la hanche est 3 fois plus pratiquée en Haute-Corse qu’en Guadeloupe. Les auteurs expliquent cette différence par les différences locales d’organisation des soins ou une meilleure prévention des chutes ou de l’ostéoporose dans certains départements.

Amygdales, appendice : en Gironde, on a 6 fois plus d’ablations des amygdales qu’en Guyane. On opère aussi beaucoup en Charente-Maritime et dans le Nord, et moins dans les Alpes-de-Haute-Provence, la Creuse, les Hautes-Pyrénées. Dans ce cas, ces différences ne sont pas expliquées par les auteurs de l’Atlas. Idem pour l’opération de l’appendice qui est de toute façon moins fréquente depuis les années 1980. Mais, malgré ces changements de pratique, des taux de variations de 1 à 4 perdurent avec, par exemple, 41 séjours pour une appendicectomie pour 100 000 habitants en Martinique contre 169 pour 100 000 habitants dans la Nièvre.

Opération du canal carpien (affection très douloureuse qui comprime un nerf au niveau du poignet ) : alors que la moyenne nationale est de 220 opérations pour 100 000 habitants, dans la Meuse il est de 386, en revanche il est de 66 pour 100 000 habitants dans le département de la Réunion.

L’Atlas relève également que la chirurgie de l’obésité est de plus en plus courante. Elle a presque doublé entre 2010 et 2014, passant de 26 405 à plus de 46 800 séjours. Mais là encore, des disparités régionales existent. En 2014, l’Yonne et l’Aube en ont pratiquée 140 pour 100 000 habitants alors que la Guyane en a réalisé 8. Le taux moyen national est de 72 pour 100 000 habitants.
« Les différences ne s’expliquent pas par la prévalence de l’obésité, puisque les zones géographiques où cette chirurgie est la plus souvent réalisée ne correspondent pas aux zones où l’obésité est la plus fréquente », soulignent les auteurs de l’Atlas.

Ces disparités révèlent-elles des inégalités de santé ?

Bien que les auteurs dressent le constat et pointent les différences, la cause n’est pas tout à fait identifiée. « l’existence de variations entre départements pour des traitements efficaces cliniquement, comme la chirurgie de la fracture de hanche, peut être une indication de l’inégalité d’accès aux soins, si les taux de recours sont associés aux conditions socio-économiques ».

L’idée n’étant pas d’uniformiser les pratiques au niveau national mais bien qu’elle correspondent à ce que l’assurance-maladie appelle les « bonnes pratiques ».