30 à 50 % des patients insuffisants cardiaques souffrent d'une carence en fer

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Fatigue, perte de cheveux, baisse des performances intellectuelles et de la productivité, fatigabilité à l’effort.… Ces symptômes ne sont pas à prendre à la légère et peuvent être le signe d’une carence en fer (ou carence martiale). 

L’insuffisance cardiaque, maladie grave et fréquente, est la troisième cause de mortalité cardio-vasculaire, derrière les accidents vasculaires cérébraux et les infarctus du myocarde. Plus de 200 000 personnes sont hospitalisées chaque année, en France, à cause d’une insuffisance cardiaque. Les principaux signes de cette maladie sont un essoufflement au repos ou à l’effort, des difficultés respiratoires en position couchée, une fatigue, des difficultés à réaliser les activités quotidiennes, une accélération du rythme cardiaque et/ou du rythme respiratoire, la survenue d’œdèmes. La carence en fer est une comorbidité reconnue et fréquente de l’insuffisance cardiaque. Dépistée, elle est présente chez 30 % à 50 % des patients. « La carence en fer contribue à l’aggravation de l’insuffisance cardiaque, notamment des symptômes avec une diminution de la capacité d’effort. Les dernières recommandations européennes de la prise en charge de l’insuffisance cardiaque préconisent donc le dépistage systématique de la carence en fer chez tous les insuffisants cardiaques », indique le Dr Pascal de Groote, responsable du service cardiologie au Chru de Lille.

Pour diagnostiquer une carence en fer, une simple prise de sang est nécessaire afin de mesurer deux paramètres biologiques : la ferritine, protéine permettant le stockage du fer, et le coefficient de saturation de la transferrine, protéine participant au transport du fer dans l’organisme. La mesure du taux d’hémoglobine – protéine présente dans les globules rouges – permet également de mettre au jour une potentielle anémie. 

Pour toutes les personnes nouvellement diagnostiquées pour une insuffisance cardiaque, le dépistage et le diagnostic de la carence en fer sont recommandés. « Le fer participe à beaucoup de fonctions dans l’organisme et sa carence les perturbe significativement. En prenant en charge cette carence par un apport en fer, le fonctionnement des organes concernés est rétabli. Nous observons chez les insuffisants cardiaques une diminution des symptômes et une amélioration significative de leur qualité de vie », témoigne le Dr Pascal de Groote. 

Les signes de carence en fer qui doivent alerter 

La carence en fer se manifeste par certains symptômes à prendre au sérieux : la baisse des performances intellectuelles et de la productivité, une fatigabilité à l’effort, une augmentation de la susceptibilité aux infections, une perte de cheveux, une fatigue générale… Cette carence en fer peut conduire dans certains cas à une anémie, à savoir une diminution du nombre de globules rouges. Outre les symptômes classiques de l’anémie dont la fatigue, ceux dus à une carence en fer peuvent se manifester par une modification de l’état des cheveux, des ongles avec l’apparition de mycoses, une pilosité anormalement élevée ou encore une modification du goût.

« La carence en fer ne présente pas vraiment de symptômes spécifiques mais les personnes souffrant de pertes de sang, de maladies chroniques ou de pathologies cardiaques telles que l’insuffisance cardiaque, la présence d’une fatigue persistante, d’un manque d’entrain…, doivent en parler à leur médecin pour pratiquer un dépistage de la carence en fer », insiste le Dr Pascal de Groote. 

Le fer, un oligoélément indispensable au bon fonctionnement de l’organisme.

Le fer est concentré à 70 % dans le sang, lié à l’hémoglobine, et à 30 % sous forme de réserve

Le fer est un minéral qui joue un rôle essentiel dans l’équilibre de l’organisme. En effet, il participe à la fabrication de l’hémoglobine (protéine présente dans les globules rouges qui permet de transporter l’oxygène dans le corps) et de la myoglobine (protéine du muscle permettant de stocker l’oxygène)  ainsi qu’à la production de l’Atp (adénosine triphosphate), source première de l’énergie de l’organisme. 

L’’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) rappelle que la carence en fer est actuellement la plus fréquente des carences nutritionnelles en France. Elle concerne 20 % à 30 % des enfants au cours des trois premières années de vie, les jeunes filles adolescentes (15-19 ans) et les femmes enceintes. 50 % d’entre elles présenteraient une anémie due à une carence en fer après la 25e semaine d’aménorrhée.. 

Les apports en fer 

Les produits carnés (les viandes rouges et blanches, les charcuteries), notamment les abats (boudin noir, foie et rognons), constituent la principale source alimentaire de fer. Ils représentent respectivement 20 % et 16 % du fer ingéré par les adultes et les enfants. Les produits de la mer tels que les coquillages et les poissons contiennent une quantité notable de fer. Les œufs, le pain (10 %) et les légumes (9 %) constituent également un apport non négligeable en fer. Enfin, les céréales de petit déjeuner contribuent également à 11 % du fer consommé chez les enfants. 

Sachant que le fer contenu dans les produits carnés est 2,5 fois plus assimilable que le fer des produits végétaux et des produits laitiers, il est recommandé de consommer simultanément de la viande et des végétaux riches en vitamine C (agrumes, kiwi, fruits rouges, chou…) pour améliorer l’assimilation du fer d’origine végétale.